Homélie du 25 juin 2023

 Ne craignez pas ceux qui tuent le corps 

12ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
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En ce jour où nous sommes appelés à nous réjouir de la nomination d'un nouvel Archevêque, la liturgie jette comme un froid: elle nous parle de mort, de péché, de malheur : curieux message pour des chrétiens appelés à remercier, à faire Eucharistie !

A la faveur de la lecture d'un livre du professeur Gesché sur le mal, j'ai été frappé par le fait que le message biblique et chrétien en sort grandi et que nous avons toutes les raisons de nous réjouir au lieu de nous plaindre à propos des maux de notre époque.

Bien sûr, le mal est là : nous avons entendu les cris de Jérémie, les plaintes du psalmiste, les propos de Paul : oui, le mal est bien présent dans le monde et à travers tous les siècles : pas besoin de se voiler la face ni de faire la politique de l'autruche. Et cependant, Jésus insiste : « Ne craignez pas » ! Ou pour emprunter les mots du pape Jean XIII à la veille du Concile Vatican II : « Ne prêtez pas l'oreille aux prophètes de malheur ! ».

Il ne s'agit pas de contester ceux et celles qui courageusement militent pour un monde plus juste et une utilisation plus saine des ressources d'une terre mise à notre disposition par le Créateur, mais ce combat doit être accompagné non de crainte mais de confiance.

Ecoutons l'antienne d'ouverture de la messe de ce jour : « Le Seigneur est la force de son peuple, le protecteur et le sauveur de ses fidèles ». Et encore, dans l'Evangile de ce jour : « Ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps.... vous êtes entre les mains d'un Père que connaît jusqu'à votre dernier cheveu ! »

Tant que nous sommes dans le monde, nous faisons l'expérience du mal le nier, c'est se tromper soi-même et les autres. La Bible ne prétend ni expliquer le mal ni le justifier : au contraire, envers et contre tout elle affirme que le monde a été créé bon :

« Dieu vit que cela était bon, très bon ! » et que l'homme est fait pour le bonheur, même s'il fait l'expérience douloureuse d'un mal dont il ne peut se défaire par ses propres forces.

Mais alors qu'en est-il de la « Bonne Nouvelle » dont on nous rêbat les oreilles à longueur de liturgies ? En effet l'homme sent qu'il est fait pour le bien et il constate avec peine la présence d'un mal qu'il ne veut pas mais dont il ne peut se libérer : l'Apôtre Paul est le premier à s'en plaindre : « Je ne comprendsrien : ce que je veux , je ne le fais pas et ce que je hais, je le fais : si ce que je ne veux pas, je le fais, ce n'est pas moi qui agis mais le péché qui est en moi » . (Rm. 7, 15-19) Voilà, le mot est lâché : le péché !

Il importe de constater que la Bible appelle radicalement le mal « mal », à un point tel qu'elle le nomme « péché » : cette réalité n'est pas dans la nature des choses car la création est tout à fait bonne, le mal est un accident, un malheur. Au risque de vous faire sursauter il n'est pas faux d'affirmer que la doctrine du péché originel est une vérité libératrice, une affirmation de salut : le mal est sauvé, le péché, pardonné, le bon larron promis au paradis : sinon à quoi servirait-il de chanter « Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, prend pitié de nous ? » Le mal a changé de nom, il n'est plus une catastrophe sans retour: il est un péché que Dieu transforme en vie et bonheur.

Sœurs et frères, baptisés dans la mort de Jésus pour ressusciter avec Lui, osons professer humblement mais clairement notre foi en Dieu, déclarons-nous pour lui devant les hommes. Rendons aux mots « péché » et « salut » leur vraie signification. Sans fausse humilité, réjouissons-nous non pas du mal qui plonge le monde dans la tristesse, mais du péché pardonné, nous rappelant les paroles de St Jean : « Si notre cour nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur. » (1Jn. 3, 20)

« Réponds-moi, Seigneur, car il est bon, ton amour...

Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu. » (Ps. 68) AMEN !

 

Le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable

Moi, Jérémie, j'entends les calomnies de la foule : « Dénoncez-le ! Allons le dénoncer, celui-là, l'Épouvante-de-tous-côtés. » Tous mes amis guettent mes faux pas, ils disent : « Peut-être se laissera-t-il séduire? Nous réussirons, et nous prendrons sur lui notre revanche ! » Mais le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable : mes persécuteurs trébucheront, ils ne réussiront pas. Leur défaite les couvrira de honte, d'une confusion éternelle, inoubliable.

Seigneur de l'univers, toi qui scrutes l'homme juste, toi qui vois les reins et les c?urs, fais-moi voir la revanche que tu leur infligeras, car c'est à toi que j'ai remis ma cause. Chantez le Seigneur, louez le Seigneur : il a délivré le malheureux de la main des méchants.

- Parole du Seigneur.

Jr 20, 10-13

C'est pour toi que j'endure l'insulte, que la honte me couvre le visage : je suis un étranger pour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère. L'amour de ta maison m'a perdu ; on t'insulte, et l'insulte retombe sur moi.

Et moi, je te prie, Seigneur : c'est l'heure de ta grâce ; dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi, par ta vérité sauve-moi. Réponds-moi, Seigneur, car il est bon, ton amour ; dans ta grande tendresse, regarde-moi.

Les pauvres l'ont vu, ils sont en fête : « Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! » Car le Seigneur écoute les humbles, il n'oublie pas les siens emprisonnés. Que le ciel et la terre le célèbrent, les mers et tout leur peuplement !

Ps 68 (69), 8-10, 14.17, 33-35

Le don gratuit de Dieu et la faute n'ont pas la même mesure

Frères, nous savons que par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et que par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, étant donné que tous ont péché. Avant la loi de Moïse, le péché était déjà dans le monde, mais le péché ne peut être imputé à personne tant qu'il n'y a pas de loi. Pourtant, depuis Adam jusqu'à Moïse, la mort a établi son règne, même sur ceux qui n'avaient pas péché par une transgression semblable à celle d'Adam. Or, Adam préfigure celui qui devait venir.

Mais il n'en va pas du don gratuit comme de la faute. En effet, si la mort a frappé la multitude par la faute d'un seul, combien plus la grâce de Dieu s'est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ.

- Parole du Seigneur.

Rm 5, 12-15

Ne craignez pas ceux qui tuent le corps

En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Ne craignez pas les hommes ; rien n'est voilé qui ne sera dévoilé, rien n'est caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l'oreille, proclamez-le sur les toits. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l'âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l'âme aussi bien que le corps. Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu'une multitude de moineaux. Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mt 10, 26-33