Homélie du 30 juillet 2023

 Il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète ce champ 

dimanche, 17ème Semaine du Temps Ordinaire - Année A

Une homélie de fr. Pierre de Béthune

Homélie :
avancez jusqu'à  25' 50' 00"

«  Avez-vous compris tout cela ?  » Mes frères mes sœurs, le Seigneur nous pose encore aujourd'hui cette question : avons-nous compris tout cela ?

Allons-nous aussi directement répondre comme les disciples : «  Oui !  » Ils sont bien sûrs d'eux, ces disciples ! Nous savons que quelque temps après, un des plus présomptueux, Pierre, a dû entendre Jésus lui dire : «  Arrière, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu !  » Il ne faut pas trop vite dire : oui ! Mais il ne faut pas non plus croire que nous devons toujours répondre humblement : «  Non, nous ne comprendrons jamais, nous n'avons pas accès aux mystères de Dieu ! Il suffit de croire aveuglément. »

Mes frères, mes sœurs, nous sommes tous appelés à devenir ce «  maître de maison qui titre de son trésor du neuf et de l'ancien  » et qui peut répondre 'oui' en toutes les circonstances, imprévues ou habituelles. Mais pour devenir ce «  scribe disciple du Royaume  », il faut toute une vie, pour nous laisser peu à peu imprégner, transformer au contact de Jésus et de son évangile.

Pour aller plus loin, revenons d'abord au début de l'évangile que nous avons entendu. Il y est également question de trésor, et puis d'une perle. Le trésor est trouvé par hasard ; la perle est découverte au terme d'un longue recherche. En effet, nous savons que certains ont soudain découvert le trésor, comme saint Paul sur le chemin de Damas, quand il a rencontré Jésus de Nazareth. En un instant ils ont tout compris. Mais pour d'autres, et c'est notre cas, cette découverte est l'aboutissement d'une recherche, parfois longue et pénible, comme pour le marchand de perles.

On pense à ces convertis célèbres, comme saint Augustin, Ignace de Loyola que nous fêtons demain, ou saint Charles de Foucauld qui ont, à un certain moment, découvert le trésor de la présence en eux de «  Jésus de Nazareth  », leur «  Bien-aimé et frère le Seigneur Jésus  » et dès lors, ils ont immédiatement tout laissé, et même considéré comme rebut ce à quoi ils avaient été farouchement attachés auparavant. Dans leur joie, ils ont tout bazardé. C'était facile.

En notre cas, c'est moins facile, mais nous avons le temps. Toute notre vie est une recherche de cette perle fine. Car il s'agit de devenir disciples, peu à peu. Chercher pour devenir. Nous nous souvenons alors de l'évangile entendu il y a quelques semaines où Jésus nous invitait : «  Devenez mes disciples, mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur.  » Voilà le point de départ, et, à l'arrivée, il y a ce scribe qui est effectivement devenu disciple, instruit du Royaume.

Toutes les paraboles que nous avons entendues ces derniers dimanches nous aident en cela. Ce que nous avons entendu ce dimanche est en effet la conclusion de ce 'discours en paraboles' si caractéristique de la façon de parler de Jésus. Comme vous l'avez remarqué, il y est surtout question de croissance, de devenir. Souvenons-nous du levain dans la pâte, de la graine de sénevé. Il y est aussi question des obstacles à la croissance : la terre aride, les ronces, ou encore l'ivraie. Et chaque fois, Jésus rappelle qu'il s'agit du Royaume, le Royaume des cieux. 

Mais qu'est-ce finalement ce Royaume dont Jésus parle constamment ? Il commence toujours ces paraboles en disant : «  Le Royaume des cieux est comparable à ...  » Et la première parole retenue par les évangélistes est : «  Le Royaume de Dieu est tout proche, convertissez-vous !  » C'est une expression volontairement vague. Il vaudrait mieux traduire 'le Règne' parce que le royaume est plutôt un territoire, comme le royaume de Belgique. Dans le 'Notre Père', nous prions «  Que ton Règne vienne !  » Le règne, c'est la présence, une présence forte, déterminante, provoquante parfois. Dans une communauté, telle que Jésus la veut, son esprit doit 'régner', esprit de force, de douceur, de pardon, bref tout e qui caractérise Jésus. Comme l'écrivait le Père Jacques Dupont : «  Les paraboles nous conduisent à voir la réalité telle que Jésus la voyait, mais c'est en nous invitant d'abord à rencontrer Jésus lui-même  ».

Le 'maître de maison instruit du Royaume' dont il est question dans l'évangile, celui que nous sommes appelés à devenir nous aussi, est donc ce disciple qui s'est laissé peu à peu instruire, traverser, transformer, par cet esprit doux et humble de Jésus. Cette familiarité, cette amitié avec le Seigneur Jésus, voilà notre trésor, un trésor inépuisable dont nous pouvons tirer du neuf et de l'ancien, c'est à dire la force et la lumière pour vivre un peu comme lui aujourd'hui.

C'est d'abord un trésor de patience, de confiance dans le temps, comme il est dit dans les paraboles du Royaume. Il s'agit en effet presque toujours d'images de croissance, parfois difficile, parfois contrariée par de l'ivraie ou des ronces, mais toujours portée par l'espérance : oui : le levain finira par faire lever toute la pâte, la petite graine de moutarde deviendra un arbre, oui, nous finirons par trouver la perle précieuse.

Oui, mes frères, mes sœurs, nous finirons, nous aussi pour «  comprendre tout cela, oui » ! Et non seulement comme «  les sages et les intelligents  » auxquels l'essentiel est caché, mais nous comprendrons parce que nous serons devenus des 'disciple du Royaume', peu à peu convertis, devenus doux et humbles, capables de compassion véritable et efficace, comme Jésus devant les foules dispersées comme des brebis sans berger.

Laissons croitre encore cette compréhension du Royaume qui nous transforme, nous évangélise. Et laissons-la déborder en action de grâce au Seigneur qui nous invite à partager le pain avec lui, à partager sa vie en abondance.

 

Tu m'as demandé le discernement

En ces jours-là, à Gabaon, pendant la nuit, le Seigneur apparut en songe à Salomon. Dieu lui dit : « Demande ce que je dois te donner. » Salomon répondit : « Ainsi donc, Seigneur mon Dieu, c'est toi qui m'as fait roi, moi, ton serviteur, à la place de David, mon père ; or, je suis un tout jeune homme, ne sachant comment se comporter, et me voilà au milieu du peuple que tu as élu ; c'est un peuple nombreux, si nombreux qu'on ne peut ni l'évaluer ni le compter. Donne à ton serviteur un c?ur attentif pour qu'il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; sans cela, comment gouverner ton peuple, qui est si important ? »

Cette demande de Salomon plut au Seigneur, qui lui dit : « Puisque c'est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis, mais puisque tu as demandé le discernement, l'art d'être attentif et de gouverner, je fais ce que tu as demandé : je te donne un c?ur intelligent et sage, tel que personne n'en a eu avant toi et que personne n'en aura après toi. »

- Parole du Seigneur.

1 R 3, 5.7-12

Mon partage, Seigneur, je l'ai dit, c'est d'observer tes paroles. Mon bonheur, c'est la loi de ta bouche, plus qu'un monceau d'or ou d'argent.

Que j'aie pour consolation ton amour selon tes promesses à ton serviteur ! Que vienne à moi ta tendresse, et je vivrai : ta loi fait mon plaisir.

Aussi j'aime tes volontés, plus que l'or le plus précieux. Je me règle sur chacun de tes préceptes, je hais tout chemin de mensonge.

Quelle merveille, tes exigences, aussi mon âme les garde ! Déchiffrer ta parole illumine et les simples comprennent.

Ps 118 (119), 57.72, 76-77, 127-128, 129-130

Il nous a destinés d'avance à être configurés à l'image de son Fils

Frères, nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu'ils sont appelés selon le dessein de son amour. Ceux que, d'avance, il connaissait, il les a aussi destinés d'avance à être configurés à l'image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d'une multitude de frères. Ceux qu'il avait destinés d'avance, il les a aussi appelés ; ceux qu'il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu'il a rendus justes, il leur a donné sa gloire.

- Parole du Seigneur.

Rm 8, 28-30

Il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète ce champ

En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Le royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l'homme qui l'a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète ce champ.

Ou encore : Le royaume des Cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète la perle. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mt 13, 44-46