Homélie du 22 octobre 2023

 Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu 

29ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
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Dans un livre de prière écrit après le Concile Vatican II se trouve une page concernant l'homélie :

l'auteur écrit : « L'homélie est le moment de la désillusion : maintenant il faut dire quelque chose de concret....les grands mots touchent-ils ma vie ? Nos désirs ne sont-ils pas plus discrets ? une petite joie, un peu de paix à la maison, nous raccommoder avec un proche. Voilà qui semble être à notre mesure. » Alors, dans la situation actuelle, j'ai envie de dire : l'interpellation de Jésus est-elle d'actualité? Quel impact aura-t-elle sur notre vie quotidienne ou sur la situation dramatique au Moyen Orient ?

Relevons ce défi : le message du Seigneur est sans équivoque, sa formulation, lapidaire :

« Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». Et aussitôt surgit la question : « Mais qu'avons-nous à rendre à Dieu ? »

Le célébrant vous a salué : « La grâce de Jésus soit toujours avec vous ! » Vous n'avez pas hésité à répondre : »Et avec votre esprit ! » Ensuite nous avons chanté le Gloria : « Nous te rendons grâce pour ton immense gloire ». Et,Tout à l'heure au début de la grande prière eucharistique, vous approuverez l'invitation du prêtre : « Rendons grâce au Seigneur notre Dieu » en affirmant avec force : « Cela est juste et bon ! » Enfin, à la conclusion de la Messe, je suppose que vous ne refuserez pas de répondre à la formule d'envoi : « Allez dans la paix du Christ ! » en proclamant « Nous rendons grâce à Dieu » !

Il faut reconnaitre que, chez nous, Dieu n'a pas bonne presse : il semble qu'on ait tendance à le cacher sous des mots comme spiritualité ou intériorité, par ailleurs très louables et à encourager, mais on évite de nommer Dieu ou Jésus et non sans raison, car on colporte beaucoup de choses fausses à son propos jusqu'à semer la mort et le malheur en son nom. Dès lors, qui aurait envie de rendre grâce à un « dieu » pareil ?

Alors, comment faire pour nous adresser à la bonne personne, à lui rendre volontiers et de tout cœur un culte sincère et de rendre à Dieu ce qui est à Lui ? La liturgie de ce jour offre des repères solides.

Ecoutons Isaïe où Dieu s'adresse à l'empereur Cyrus envoyé pour libérer les exilés de Babylone :

« Je suis le Seigneur, hors moi pas de Dieu »

Le psaume 95 renchérit : « Rendez au Seigneur la gloire de son Nom ». Au fait, quelle est cette gloire ?

Que pouvons-nous faire pour Dieu, d'autant plus que Jésus met souvent en garde contre des manières hypocrites de rendre un culte à celui qu'il appelle son Père.?

St Paul à son tour rend grâce à Dieu : non pour des avantages matériels mais pour des « qualités » rencontrées chez les Thessaloniciens : foi, charité, espérance : ce ne sont pas avant tout des vertus acquises au prix d'une dure ascèse mais des cadeaux qui appellent notre merci, notre « action de grâce ».

Et voici l'Evangile : Jésus y affirme la priorité absolue de Dieu sans du tout oublier ceux qui en son nom et souvent à leur insu, gèrent les affaires humaines.

Cette priorité de Dieu, Saint Benoît lui aussi y revient souvent dans sa Règle : « Ne rien préférer à l'amour du Christ » (4,21) et : « Rien ne passera avant le service de Dieu » (43, 3) et encore : « Les moines ne préféreront absolument rien au Christ. »(72,11)

Rendre à Dieu ce qui est à Dieu : la gloire de son Nom : un nom qui n'est pas un titre de noblesse humaine si ce n'est la noblesse de l'amour. Elle se cache sous l'habit du mendiant, mon frère, ma sœur, à qui nous avons à payer l'impôt d'un respect infini. A César, on peut payer un impôt matériel en monnaie, en service, mais à Dieu que peut-on rendre sinon la reconnaissance ? Reconnaissance pour le don de la vie, pour le don immense de la création. Mais comment faire pour que mon signe de croix ne devienne pas un chasse-mouche, ma prière avant le repas une formalité vite faite bien faite ? Comment faire pour que ces formules, ces gestes expriment une réelle reconnaissance pour quelque chose qui me dépasse, comme un don et non un du, une chose devant quoi s'émerveiller et non une réalité qu'on connaît par cœur et ne mérite pas qu'on s'y attarde.

Entre humains il y a des milliers d'actions de grâce, de mercis qui s'échangent : chaque jour et ça nous construit ça nous fait vivre : et Dieu, ne mérite-t-il pas qu'on Lui dise merci ? Dire merci, même quand tout va mal : Jésus l'a fait au moment où sa mort était imminente : au moment d'entrer dans sa passion, alors que son âme était triste à en mourir, Il rendit grâce ? Qu'est ce que cela veut dire ? Du masochisme ou l'expression d'un amour extrême ?

Mais attention ! Nous préoccuper de la place prééminente du Créateur, ne signifie pas faire fi de la créature et de nos tâches terrestres. Le premier et le second commandement sont étroitement unis, dépendants :

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain. » Les dérives affreuses qu'ont connues presque toutes les grandes religions du monde sont là pour montrer combien il importe de garder ensemble ces deux amours, faute de quoi on tombera dans le fanatisme ou l'hypertrophie de la personne humaine. Notre capacité vient de Dieu et c'est à Lui que

nous devons rendre grâce.

Laissons donc à Dieu ce qui est à Dieu, ou plutôt rendons-lui ce qui lui appartient, et laissons-lui les mains libres, ne doutons pas de lui et si c'est le cas, exprimons nos doutes dans la prière, une prière qui, si possible, vienne du cœur, « de tout cœur », comme nous le disons souvent dans nos relations humaines.

Encore un mot : cette prière, les médias peuvent nous y aider, nous y inciter, nous sortir de notre petit monde clos ou sans espoir : ça vous étonne ? Ecoutez :

Se plaindre des médias
et des nouvelles qu'ils véhiculent ?

Se résoudre à baisser les bras
attendant que la tempête se calme ?

Ou bien, au contraire : les prendre au mot
les TV, Smartphones et autres internet
qui nous bourrent le cerveau de nouvelles
décrivant de l'humanité tous les maux.

Eh bien ! Journalistes, chroniqueurs, envoyés spéciaux
courageux témoins dans les points les plus chauds
avec les frères, les sœurs de toutes nations
vous nous mettez en communion.

Vous nous ouvrez de vastes champs d'action
que d'aucun trouveront inutiles
voués à l'échec ou à répétition :

Vous les médias : vous nous envoyez en plein dans le mille.

De quoi s'agit-il ? Il s'agit de la prière

Cœur de rencontre avec tout lieu humain :
grâce à vous, les médias, dans la joie, dans la peine
nous voici au plus près des plus loin.

Et s'il nous arrive de douter du bien fondé
de cette démarche humble et cachée.

de cette prière où Jésus trouvait force et bonté.
rappelons-nous qu'Il a parlé d'une montagne à déplacer.
que seule peut faire bouger.

une prière, une foi d'enfant, jamais découragée.
Frères et Sœurs « Rendons à César ce qui est à César et à Dieu de qui est à Dieu ».
Qui nous en rendra capables sinon Jésus ?
Par Lui, nous rendons grâce à Dieu !

Amen !

 

J'ai pris Cyrus par la main pour lui soumettre les nations

Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, qu'il a pris par la main pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée :

« À cause de mon serviteur Jacob, d'Israël mon élu, je t'ai appelé par ton nom, je t'ai donné un titre, alors que tu ne me connaissais pas.

Je suis le Seigneur, il n'en est pas d'autre : hors moi, pas de Dieu. Je t'ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, pour que l'on sache, de l'orient à l'occident, qu'il n'y a rien en dehors de moi. Je suis le Seigneur, il n'en est pas d'autre. »

- Parole du Seigneur.

Is 45, 1.4-6

Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière, racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles !

Il est grand, le Seigneur, hautement loué, redoutable au-dessus de tous les dieux : néant, tous les dieux des nations ! Lui, le Seigneur, a fait les cieux.

Rendez au Seigneur, familles des peuples, rendez au Seigneur la gloire et la puissance, rendez au Seigneur la gloire de son nom. Apportez votre offrande, entrez dans ses parvis.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté : tremblez devant lui, terre entière. Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi ! » Il gouverne les peuples avec droiture.

Ps 95 (96), 1.3, 4-5, 7-8, 9-10ac

Nous nous souvenons de votre foi, de votre charité, de votre espérance

Paul, Silvain et Timothée, à l'Église de Thessalonique qui est en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ. À vous, la grâce et la paix.

À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières. Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. Nous le savons, frères bien-aimés de Dieu, vous avez été choisis par lui. En effet, notre annonce de l'Évangile n'a pas été, chez vous, simple parole, mais puissance, action de l'Esprit Saint, pleine certitude.

- Parole du Seigneur.

1 Th 1, 1-5b

Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu

En ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler. Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d'Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n'est pas selon l'apparence que tu considères les gens. Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à César, l'empereur ? » Connaissant leur perversité, Jésus dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l'épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l'impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d'un denier. Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Ils répondirent : « De César. » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mt 22, 15-21