Homélie du 5 novembre 2023

Ne vous faites pas appeler Père, car vous n'avez qu'un seul Père, et vous êtes tous frères.

31ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Une homélie de fr. Benoît Standaert

Homélie :
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Bienvenue à vous tous, chères sœurs, chers frères, chers amis, en présentiel ici dans cet oratoire de Clerlande ou avec nous, à l'écran, grâce à la médiation d'internet. Bon dimanche à tous, où ensemble nous, et la nature autour nous, nous survivons à une assez terrible tempête d'il y a deux jours.

Par ailleurs, il y a huit jours, à Rome, prenait fin une étape importante dans la marche de l'Eglise catholique : les pères et mères synodales confiait à toute l'Eglise un document d'une quarantaine de pages, fruit de tout un mois de travail en synode ! Ce texte forme une carte de route pour chaque église locale, à suivre pendant bien neuf ou dix mois de travail ! un agenda jusqu'à l'automne 2024 !

Cela nous interpelle tous et chacun. Curieusement le premier dimanche qui suit la fin du Synode sur le futur de l'Église, nous donne d'entendre une parole de Dieu remarquablement interpellante, justement ! Le prophète Malachie, l'apôtre saint Paul et Jésus lui-même, tous les trois, parlent le même langage : non à une vue cléricale, oui à un service chaleureux, maternel et paternel, de partage et de solidarité. «  Comme un enfant tout contre sa mère  ». Ces mots du psalmiste éclaireront la radicale conversion qui nous est demandée à tous aujourd'hui. Tournons vers la croix, et invoquons le Sauveur du monde, avec un cœur humble et sincère, comme d'un enfant qui aspire à la paix de Dieu.

Homélie

Chers amis, le petit livret du prophète Malachie est comme le compte-rendu d'un débat synodal qui s'est tenu à Jérusalem, un bon siècle après le retour de la captivité babylonienne. En toute franchise les fidèles protestent et Dieu lui-même par la bouche du prophète proteste et demande des comptes, notamment au clergé ! «  Vous vous êtes écartés de la route, vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude  ». Et tombent alors des bouts de phrases inoubliables qui annoncent le langage de Jésus : «  N'avons-nous pas, comme peuple, tous un seul Père ? N'est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ?  » Juifs et païens, Russes et Ukrainiens, Flamands et Wallons, laïcs et prêtres, tous nos antagonismes de race, de culture, langue ou rang social ne se justifient pas quand nous prenons en compte la Parole de Dieu, du Dieu vivant qui fait alliance avec nous.

Saint Paul dans sa toute première lettre qu'il nous a laissée, vingt ans à peine après la mort de Jésus, nous rappelle comment il a communiqué l'Evangile à Thessalonique. Il s'est conduit comme un père, voire «  comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons  », prêt à «  donner tout ce que nous sommes  », avec l'Evangile de Dieu ! «  Et vous nous avez accueilli, dit-il, comme ce que nous sommes vraiment : vous apportant une parole qui vient de Dieu  ». Le psaume médité entre les lectures nous a replongés dans le climat juste : une âme en paix près de Dieu «  comme un enfant blotti contre le sein de sa mère...  » L'illustration sur la feuille de chant impressionne à tous les coups. Nous comprenons ce que vise le poète en parlant ainsi.

Et Jésus en Matthieu 23 ne mâche pas ses mots. Il est ferme et fort. Il s'en prend, comme fait notre Pape François aujourd'hui, à tout cléricalisme, carriérisme, mondanité, idolâtrie du pouvoir et du petit moi enflé. En face de cela il dit des choses simples mais bouleversantes : «  nous sommes tous des frères  » - le fameux dicton de saint François d'Assise, repris par la Pape François : fratelli tutti. Tous frères et sœurs les uns des autres. A première vue rien n'est moins vrai ! Nous sommes de telle famille et de telle fratrie et pas de l'autre, nous nous distinguons justement comme frères des uns, de tel clan et pas du clan adverse ! Mais Jésus a médité sur la condition humaine, y voyant une qualité commune qui provient de ce que tous nous avons un même Père, le vrai père, le Père céleste. Cela aussi n'est pas évident et requiert une méditation prolongée : un même Dieu nous a créés et nous veut tels que nous sommes comme membres d'une même grande famille unie !

C'est l'évangile de Matthieu qui nous rapporte tout cela aujourd'hui. Or dans son récit il n'y a que quatre types modèles pour tous : des disciples, des fils, des frères et des serviteurs. Tout chrétien selon cet évangile est cela : disciple, fils, frère, et serviteur.

Il y a un travail à faire qui commence en chacun de nous. Appelons-le un travail de conversion pour retrouver une simplicité, une vérité, un abandon qui éprouve sa joie dans l'humble service et le partage avec tous. Le futur de l'Église, rêvé tout un mois par près de 400 pères et mères synodales, dépend comme corps du Christ de cette capacité de retrouver un esprit d'enfance vrai. Que cette simple eucharistie dominicale nous permette de rejoindre dans nos cœurs la justesse d'un regard pur et tout donné, au nom même de l'évangile qui est à la fois annonce de victoire et une Personne vivante qui s'est donnée jusqu'au bout et a vaincu la mort. Ainsi soit-il. Amen.

 

Seigneur, je n'ai pas le c?ur fier ni le regard ambitieux ; je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent.

Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère.

Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais.

Ps 130 (131), 1, 2, 3

Nous aurions voulu vous donner non seulement l'Évangile de Dieu, mais même nos propres vies

Frères, nous avons été pleins de douceur avec vous, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons. Ayant pour vous une telle affection, nous aurions voulu vous donner non seulement l'Évangile de Dieu, mais jusqu'à nos propres vies, car vous nous étiez devenus très chers. Vous vous rappelez, frères, nos peines et nos fatigues : c'est en travaillant nuit et jour, pour n'être à la charge d'aucun d'entre vous, que nous vous avons annoncé l'Évangile de Dieu. Et voici pourquoi nous ne cessons de rendre grâce à Dieu : quand vous avez reçu la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l'avez accueillie pour ce qu'elle est réellement, non pas une parole d'hommes, mais la parole de Dieu qui est à l'?uvre en vous, les croyants.

- Parole du Seigneur.

1 Th 2, 7b-9.13

Ils disent et ne font pas

En ce temps-là, Jésus s'adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu'ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n'agissez pas d'après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d'honneur dans les dîners, les sièges d'honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n'avez qu'un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n'avez qu'un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mt 23, 1-12