Dimanche 16 aout 2020
20ème dimanche du T.O. A
Notre maître à penser, à agir, à croire, c’était, hier, la Vierge Marie. Aujourd’hui il s’agit d’un tout autre personnage : une Cananéenne, qui fait partie du cortège des gens « non conformes », non soumis à la religion officielle, y compris ceux dont Jésus fait les héros de ses paraboles : Marie Madeleine, Zachée, le Centurion romain, le publicain, le fils prodigue, le bon larron…..Comment se fait-il que Jésus se laisse toucher par eux au point de se dire : non je ne peux pas les renvoyer comme çà !
Qu’y a‑t-il d’interpellant dans cette scène touchante, pour l’Eglise, pour le monde d’aujourd’hui ? Cette Libanaise, venue de Tyr et de Sidon, que vient elle nous dire ? Il me semble qu’elle vient nous apprendre à prier, à adorer et à croire. C’est presque une leçon de liturgie !
Elle commence par le Kyrie : prend pitié de moi Seigneur. Nous n’avons pas fait autre chose. Elle poursuit par l’adoration exprimée par une prosternation : nous n’avons pas fait cela mais nous avons chanté le Gloria : « Nous te louons, nous te bénissons, nous t’adorons ! » Et, avec le psalmiste nous avons chanté le psaume 66 : « Que toute la terre adore le Seigneur » ! Enfin la Cananéenne nous enseigne à croire en ce Dieu qui se penche vers les humbles. Sa foi déplace des montagnes : elle a l’audace de reprendre les paroles du Maître pour leur donner un sens positif : « justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leur maître ! »
De cette Cananéenne, si nous apprenions la patience ! Elle qui ne s’est pas découragée devant le mutisme de Jésus ; elle qui n’a pas cru les Apôtres capables de convaincre Jésus de la renvoyer ; elle qui a adoré Celui qu’elle aurait pu juger insensible à ses appels en faveur de sa fille en détresse. Bref : elle a fait « craquer » Jésus par une humilité et une confiance qui l’apparente à la Vierge Marie : « Qu’il me soit fait selon ta parole ! » Pour elle se réalise la prophétie : « Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur…je les comblerai de joie » Is.56
Mes Sœurs, mes frères, Jésus se trouvait face à cette femme dont l’enfant était tourmentée par un démon ; ces tourments, ils sont les nôtres, aujourd’hui en nous, autour de nous : que de choses moches, dramatiques, sinistres, injustes, avec un goût d’échec et de mort, et, en même temps, que de réalisations merveilleuses, joyeuses, heureuses avec un goût de réussite, de vie et d’Esprit-Saint ! Notre époque aura-t-elle l’audace, l’humilité de réapprendre à prier, à adorer le Père de Jésus dont le nom est miséricorde ? L’Eucharistie, n’est-ce pas comme les miettes du Pain que Dieu nous servira dans son Royaume, son amour distillé à petites doses jusqu’au temps de l’accomplissement ?
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse
Que son visage se fasse souriant ! AMEN !
Fr. Grégoire