Homélie du 9 mai 2024

Jésus fut enlevé au ciel et s'assit à la droite de Dieu

Ascension - Année B -

Une homélie de fr. Yves de patoul

Homélie :
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Comme nous le disait saint Luc dans l'extrait des Actes des Apôtres que nous avons entendu, c'est le 40iéme jour après la Résurrection que Jésus est monté au ciel rejoindre son Père qui l'avait envoyé avec la mission de rassembler tous les hommes dans une même foi. Le chiffre quarante est un chiffre symbolique qui exprime le temps de l'épreuve, la maturité, la vie achevée, la vie adulte. Noé ne put recommencer sa vie normale qu'après quarante jours de déluge ; les Israélites durent rester dans le désert avec Moïse pendant quarante ans, Jésus lui-même fut éprouvé 40 jours dans le désert. Les grands rois d'Israël, David et Salomon ont régné quarante ans. Cette durée marque un accomplissement, la fin d'une épreuve au terme de laquelle, il est possible de commencer ou de recommencer une nouvelle existence.

Dans le cas présent de l'Ascension, cette nouvelle existence a un contour bien net pour les disciples de Jésus, celle de l'absence du Maître mort et ressuscité qui était apparu à certains d'entre eux pendant 40 jours depuis le jour de sa Résurrection. Désormais, il n'apparaîtra plus. Ils devront poursuivre leur route sans lui, comme un adolescent qui quitte ses parents pour fonder une nouvelle famille : il est devenu adulte. Des parents il ne restera plus que les enseignements, les souvenirs plus ou moins bien ancrés qui lui permettront d'agir comme il le voudra.

Cette manière de voir les choses me fait dire que pour les disciples de Jésus le temps des illusions est fini. Il leur faudra désormais agir seul. Le maître n'est plus là pour dire ce qu'il faut faire, ce qu'il faut penser. Non, il faut maintenant tout commencer ou recommencer comme des grands. Le temps de l'Église est celui-là. Aux disciples, il leur suffit d'attendre encore cette force d'en-haut qui leur a été promise et qui les aidera, la force de l'Esprit Saint qui avait si bien uni le Père et le Fils et qui unira les disciples à leur grand frère et maître Jésus le Christ pour la gloire du Père. Il leur faudra tout régler eux-mêmes, instituer toute sorte de règles, de manières de dire et de faire les choses comme Jésus le leur avait appris, mais aussi, ai-je envie d'ajouter de telle sorte que cela ait un sens pour eux. Il ne leur suffira pas de répéter purement et simplement ce qu'il leur avait enseigné. Grâce à Dieu d'ailleurs Jésus n'a jamais rien écrit qui doive être reproduit tel quel. Tout l'enseignement de Dieu son Père devra être transmis de génération en génération avec les mots appropriés pour chacun. Et notre époque ne fait pas exception : le message des évangiles doit être enseigné, doit se dire dans des mots compréhensibles et pertinents pour nos contemporains. Notre époque découvre de plus en plus que ce message qui est le même pour tous peut et doit avoir des accents différents d'une culture, d'une région à l'autre. L'Europe a sans doute été le berceau du christianisme. Il ne l'est plus ! L'Asie et l'Afrique en particulier doivent encore se libérer du joug occidental.

Cet enseignement n'est pas un règlement d'ordre intérieur, ni une charte univoque. Il est contenu dans quatre évangiles. C'est un message exclusivement spirituel que les épitres lus chaque dimanche essayent de monnayer dans des récits (Actes des Apôtres par exemple) ou dans des discours adressés à des communautés chrétiennes de différentes cultures (les Ephésiens, les Romains), ou à des personnes particulières comme Tite ou Timothée qui exercent déjà un ministère de direction.

Chaque dimanche, avec un évangéliste différent, la liturgie nous propose un brin de ce grand bouquet qu'est l'enseignement du Christ. Cet enseignement est toujours l'enseignement du Père, car les deux, le Fils et le Père sont unis dans une même communion par l'Esprit Saint qui reste invisible à nos yeux mais qui est cette force qui nous unit tous comme il a uni Jésus à son Père et qui l'a aidé à surmonter tous les obstacles du péché. Ces obstacles sont nombreux : la haine, la jalousie, le mensonge, la division et par-dessus tout l'orgueil de se croire juste, sans péché, de se croire supérieurs aux autres.

L'antidote de tous ces maux c'est l'amour, le pardon et la miséricorde. Saint Jean ne cessera de le répéter dans son évangile et dans toutes ses lettres. Il insiste pour dire que cet amour n'est pas étranger à nous-même puisque nous l'avons tous reçu au baptême. C'est l'Esprit Saint, c'est Dieu lui-même qui est présent dans nos cœurs, enfoui en dessous de nombreuses couches qui ne sont pas toutes très propres. Saint Paul parle plus souvent de la grâce qui nous a été donnée, insistant sur la gratuité du don que Dieu nous a fait de lui-même. « Chacun de nous, dit-il dans l'épitre aux Éphésiens que nous avons entendue, a reçu le don de la grâce comme le Christ nous l'a partagée ». Connaissant la pensée paulinienne sur le Corps du Christ que nous formons tous ensemble, il veut dire que nous recevons chacun une part de l'Esprit Saint ; nous recevons des dons divers de l'unique Esprit Saint qui sont répartis dans la communauté chrétienne de façon qu'il y ait complémentarité entre nous. Nous ne sommes pas formatés de la même manière : chacun a des charismes, des dons différents. Imaginez un instant le contraire : nous serions tous des saints ! mais il n'y aurait plus aucun plaisir à partager quoi que ce soit !

Bref, « l'Ascension de notre Seigneur Jésus inaugure une ère nouvelle de l'histoire du salut, celle du don de l'Esprit répandu à profusion sur les croyants, et celle de la prédication de la Bonne nouvelle du salut pour tous les hommes » (Missel de l'assemblée dominicale). Soyons dans la joie comme les Apôtres et tous les disciples de Jésus. Tournons nos regards vers le monde où nous vivons. Construisons ensemble un monde nouveau dans l'amour du Christ qui nous a aimés pour vivre en paix dans la concorde et l'unité.

 

Tandis que les Apôtres le regardaient, il s'éleva

Cher Théophile, dans mon premier livre j'ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le moment où il commença, jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l'Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu'il avait choisis. C'est à eux qu'il s'est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu.

Au cours d'un repas qu'il prenait avec eux, il leur donna l'ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d'y attendre que s'accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l'avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l'eau, vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés d'ici peu de jours. » Ainsi réunis, les Apôtres l'interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. »

Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s'éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s'en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d'auprès de vous, viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel. »

- Parole du Seigneur.

Ac 1, 1-11

Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie ! Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable, le grand roi sur toute la terre.

Dieu s'élève parmi les ovations, le Seigneur, aux éclats du cor. Sonnez pour notre Dieu, sonnez, sonnez pour notre roi, sonnez !

Car Dieu est le roi de la terre, que vos musiques l'annoncent ! Il règne, Dieu, sur les païens, Dieu est assis sur son trône sacré.

46 (47), 2-3, 6-7,8-9

Parvenir à la stature du Christ dans sa plénitude

Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous exhorte donc à vous conduire d'une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d'humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l'unité dans l'Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. À chacun d'entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ. C'est pourquoi l'Écriture dit : Il est monté sur la hauteur, il a capturé des captifs, il a fait des dons aux hommes. Que veut dire : Il est monté ? - Cela veut dire qu'il était d'abord descendu dans les régions inférieures de la terre. Et celui qui était descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l'univers. Et les dons qu'il a faits, ce sont les Apôtres, et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent. De cette manière, les fidèles sont organisés pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le corps du Christ, jusqu'à ce que nous parvenions tous ensemble à l'unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l'état de l'Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude.

- Parole du Seigneur.

Ep 4, 1-13

Proclamez l'Évangile à toute la création

En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l'Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s'ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s'en trouveront bien. »

Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s'assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s'en allèrent proclamer partout l'Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l'accompagnaient.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mc 16, 15-20