Homélie du 19 octobre 2025

 Dieu fera justice à ses élus qui crient vers lui 

29ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine I du Psautier) - Année C

Une homélie de fr. Pierre de Béthune

Homélie :
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«  La prière est la respiration de l'âme  ». Oui ! nous savons que la prière est vitale, comme l'air. Le savons-nous vraiment ? On raconte comment un Maître hindou a accueilli un candidat disciple. Il l'a conduit aux bords du Fleuve, et, une fois dans l'eau et lui a plongé la tête sous l'eau. Le disciple se débattait désespérément. Finalement, il l'a libéré et lui a dit : «  Quand tu aspireras à la vie spirituelle avec la même ardeur, tu pourras être mon disciple !  »

Revenons à l'évangile. Nous voyons, tout au long des évangiles que, pour Jésus, la prière était aussi une nécessité vitale. Il priait lors de son baptême, quand il a reçu sa mission du Père, tout comme il priait au Jardin ces Oliviers, quand il a accompli cette mission en obéissance au Père. Et sur la croix, il priait encore pour tous, et en particulier pour ses persécuteurs. Nous le voyons se retirer régulièrement au désert, le matin tôt, la nuit, sur la montagne, lors de la Transfiguration. Ce lien avec son Père dans la prière était vraiment comme sa respiration.

C'est pourquoi il était tellement soucieux d'apprendre à prier à ses disciples. Il savait que, sans cet enracinement dans une prière du fond du cœur, leur vie à sa suite serait toujours hésitante, et leur témoignage resterait superficiel.

C'est pourquoi aussi il a adapté sa méthode, en se situant au niveau de notre vie ordinaire. Pour dire l'importance de la prière, il a pris des exemples dans la vie courante, des cas dont on parlait. Aujourd'hui c'est l'histoire de cette veuve qui veut obtenir justice auprès d'un juge négligent. Elle se jette dans la bataille à corps perdu et n'hésite pas à lui casser les pieds, à lui scier les côtes, jusqu'à ce qu'elle obtienne gain de cause. Il y a quelques semaines, nous avons entendu une autre parabole sur la prière, dans le même évangile de Luc, où il s'agissait d'un ami qui vient tard et pour lequel on demande un pain au voisin, et celui-ci finit aussi par exaucer sa prière et le lui donner (comme dit le texte) « parce que l'autre est sans vergogne  ».

Cet enseignement sur la prière revient souvent dans les évangiles, mais il faut avouer qu'il est assez déconcertant.

D'abord à cause de l'image de celui qu'il faut prier : un juge inhumain, impie, un ami grognon : triste image du Dieu !

Et puis ses conseils sont aussi très basiques : persévérer. «  Demandez et l'on vous donnera ; frappez et l'on vous ouvrira...  » On aurait aimé entendre Jésus nous dire davantage comment il faisait, quand il se retirait dans la montagne pour prier, seul dans la nuit, comment il priait son Père... Mais non, à part une fois où ls évangile ont retenu une prière à son Père et à sa bienveillance, ils n'ont gardé de lui que le conseil très élémentaire : ne jamais se décourager...

Parce que la prière est une question de fidélité.

Et nous voilà arrivés à cette question que Jésus posait à la fin du texte que nous avons entendu aujourd'hui : «  Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ?  »

La foi. La prière est une question de fidélité, la mise en œuvre de la foi. La foi ne consiste pas à adhérer à des vérités invérifiables. Elle n'est pas non plus un engagement aveugle, comme quand on se jette à l'eau. Mais elle est toujours peu ou prou un effort désespéré pour prendre de l'air et vivre. Car nous sommes déjà dans l'eau, dans nos questions, nos problèmes, nos misères !

M f m s, Toutes proportions gardées, nous sommes comme ce candidat-disciple qui aspirait désespérément à prendre de l'air. - Mais ce n'est pas avec l'énergie du désespoir ; nous avons l'espérance, et «  l'espérance ne déçoit pas !  » Seulement c'est une espérance monnayée dans la durée. Je crois que c'est ça que Jésus veut nous apprendre quand il nous dit : 'Frappez et l'on vous ouvrira !  » Prenez le temps, faites confiance au temps ! Faites confiance à votre Père céleste ! Surtout ne vous découragez pas !

C'est qu'il nous connait bien. Il sait que nous sommes toujours impatients, avides de résultats gratifiants. Nous faisons tout pour 'gagner du temps' ; et 'perdre du temps', est toujours stupide. Time is monney. Mais précisément, dans le domaine spirituel, dans le domaine de l'amour, le temps est souvent notre seule monney. C'st là, dans la persévérance, que nous pouvons au mieux placer notre monney.

Nous ne pouvons généralement pas témoigner de démarches plus explicites, plus éloquentes, pour dire notre amour. Mais la fidélité en est généralement la meilleure expression Comme dit saint Paul, «  l'amour prend patience  », c'est sa première et principale caractéristique.

Pour prier, il faut aussi prendre du temps, parce que, en définitive, prier, c'est aimer.

Je suis frappé de constater qu'en toutes les religions, les fidèles utilisent des chapelets, des rosaires, pour prier. Ce sont des invitations à persévérer dans la prière, des moyens très humbles pour nous aider à simplement donner du temps à Dieu, pour monnayer notre espérance.

Bien sûr, Jésus a encore dit d'autres choses sur la prière. Pensons à son conseil de ne pas prier pour être vu, mais de plutôt se retirer au fond de sa chambre ; pensons à la parabole du pharisien et du publicain. Mais cet appel à «  prier sans cesse  » et à ne pas nous décourager est fondamental. C'est la bonne façon de nous tenir devant Dieu, mais aussi en rapport avec tous nos frères et sœurs, parce que cette prière patiente est aussi toujours une prière d'intercession et de communion. Mais alors, quand la présence de Dieu au cœur de notre vie est plus vivante, nous pourrons aussi, comme naturellement, louer Dieu pour tout ce qu'il nous donne de beau et de bon.

C'est pourquoi, après encore une prière d'intercession pour tous nos frères humains, nous continuons cette grande prière du dimanche par l'eucharistie, la prière d'action de grâce au Père de Jésus, pour la présence de son Fils parmi nous, en particulier quand nous nous réunissons pour recevoir, et pour réaliser la communion.

 

Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort

En ces jours-là, le peuple d'Israël marchait à travers le désert. Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim. Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. » Josué fit ce que Moïse avait dit : il mena le combat contre les Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline. Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort. Mais les mains de Moïse s'alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s'assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l'un d'un côté, l'autre de l'autre. Ainsi les mains de Moïse restèrent fermes jusqu'au coucher du soleil. Et Josué triompha des Amalécites au fil de l'épée.

- Parole du Seigneur.

Ex 17, 8-13

Je lève les yeux vers les montagnes : d'où le secours me viendra-t-il ? Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.

Qu'il empêche ton pied de glisser, qu'il ne dorme pas, ton gardien. Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d'Israël.

Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, se tient près de toi. Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, ni la lune, durant la nuit.

Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie. Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais.

Ps 120 (121), 1-2, 3-4, 5-6, 7-8

Dieu fera justice à ses élus qui crient vers lui

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ?Rends-moi justice contre mon adversaire.' Longtemps il refusa ; puis il se dit : ?Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m'ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu'elle ne vienne plus sans cesse m'assommer.' » Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 18, 1-8