Homélie du 26 janvier 2020

Il vint habiter à Capharnaüm pour que soit accomplie la parole d'Isaïe

Dimanche, 3ème Semaine du Temps Ordinaire - Année A

Une homélie de fr. Martin Neyt

Voici deux semaines, le P. Pierre et moi-même, nous rentrions d'un séjour passé à Kinshasa dans le monastère de Mambré . Aujourd'hui encore de manière actuelle et concrète, les textes lus ce matin revêtent un sens profondément vrai, ancré dans l'histoire humaine. . Les ténèbres de la nuit, les Congolais la vivent non pas comme les déportations des régimes du nord de la Palestine sous Teglat-Phalasar en 732 avant notre ère, mais dans la vie de tous les jours, dans la misère où les plus pauvres sont taxés de 40%, extorqués sur leur minimum vital.

Les ténèbres continuent à envelopper le monde entier d'une nappe de brouillard. Et la lumière de l'Évangile tel le rayon du soleil transperce l'horizon et apporte sa lumière au monde. Un matin, pendant que nous chantions les Laudes à Kinshasa, nous avons vu surgir l'oeil rouge du soleil écartant soudain l'obscurité de la nuit. Nous venions de célébrer trois professions solennelles et nous entendions Jésus proclamer : « Convertissez-vous et croyez à la bonne Nouvelle ».

Quelle est donc cette lumière qui s'est levée avec la venue du Christ Jésus ? L'essence du symbolisme de la lumière manifeste une double capacité : celle d'éclairer et de transformer. Dans la tradition juive, le message divin se transmet par les Tables de la Loi, la Torah, et 613 préceptes de vie. Comme la lumière est portée par l'huile, la mèche et la flamme, le juif pratiquant respecte ses commandements. Elle s'impose par sa simplicité ; elle est le symbole par excellence à la frontière de deux univers, le visible et l'invisible ; notre monde et celui de Dieu.

Pour nous chrétiens, cette Lumière nous est donnée par la personne de Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu. Lumière de nos gestes sur la terre, Lumière de Dieu, ou plus exactement Lumière qui rayonne du mystère divin. Jésus est bien l'Homme-Lumière qui entre dans nos vies si nous l'accueillons pour nos éclairer et nous transformer.

Dans la Genèse (1. 17-18), nous lisons : « Dieu plaça deux luminaires au firmament du ciel pour éclairer la terre, pour commander au jour et à la nuit, pour séparer la lumière et les ténèbres et Dieu vit que cela était bon » et dans le psaume 104, nous chantons : « Dieu se revêt d'un vêtement de lumière ». Cette lumière est à la fois naturelle ; elle est aussi d'ordre intérieur, mystique, où le Christ se révèle le Fils du Père, l'icône du Dieu invisible.

L'Homme-Lumière, habité par le Souffle divin, l'Esprit-Saint, envoyé par le Père, dans l'Evangile de St Matthieu, relie le choix des premiers disciples à cette mission qui lui est confiée au Baptême : « Convertissez-vous, car le Royaume de Dieu est tout proche » (Mt. 4. 17). Ils sont appelés pour faire leur cette vision de la lumière, la découvrir, la connaître, recouvrir leur être du rayonnement de cette lumière et ensuite la transmettre à ceux qui les entourent. Chaque matin, nous chantons à Laudes : « Tu es venu, Seigneur, dans notre nuit, tourner vers l'aube nos chemins. Le tien pourtant reste caché, l'Esprit seul nous découvre ton passage- ».

Comment ne pas avoir sous les yeux la veillée de la nuit pascale. Devant les braises de feu qui sont apportées, le célébrant proclame : « Christ, Alpha et Omega, début et fin de toutes choses » tout en marquant ces signes sur le cierge pascal, évoquant le Christ. Ensuite, toute l'assemblée écoute l'annonce pascale : « Exultez de joie, multitude des anges-exultez, serviteurs de Dieu, sonnez cette heure triomphale- ». A la fin du chant, chacun prend la bougie qu'il a reçu et reçoit la lumière du Cierge pour la transmettre à son voisin en chantant : Christ est ressuscité, Christ est vraiment ressuscité ». Tel est le témoignage fort, visible et invisible que nous nous transmettons depuis le temps des Apôtres.

Dans la deuxième partie de l'Evangile de ce jour, Jésus choisit ses disciples. La pêche devient la métaphore de la Bonne nouvelle et de la mission confiée aux Apôtres. Jésus s'y présente comme le premier pécheur d'homme. Il monte dans une barque, près du rivage et enseigne la foule par les Béatitudes, le Sermon sur la montagne qui accomplit les préceptes et la Loi de Moïse.

Jésus marche le long de la mer de Galilée, Il voit Simon Pierre et son frère André qui jettent leurs filets, car ils étaient des pécheurs et il leur dit : « Venez à ma suite et je vous ferai pécheur d'hommes ». Aussitôt jetant leurs filets, ils le suivirent. Deux autres appelés, Jacques et Jean fils de Zébédée firent de même.

Tout commence là : accueillir la parole de Jésus comme une flamme ardente dans le feu de l'Esprit Saint et la transmettre. C'est le regard de Jésus qui se situe entre la foule en quête de nourriture matérielle et spirituelle et les Apôtres, l'Eglise.

Que cette eucharistie nous donne de contempler le regard lumineux de Jésus qui nous surprend à l'aube de chaque jour. Il nous offre son Corps et son Sang dans l'Esprit pour le salut du monde, et nous envoie faisant de nous des pécheurs d'hommes.

 

Dans la Galilée des nations le peuple a vu se lever une grande lumière

Dans un premier temps, le Seigneur a couvert de honte le pays de Zabulon et le pays de Nephtali ; mais ensuite, il a couvert de gloire la route de la mer, le pays au-delà du Jourdain, et la Galilée des nations. Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l'ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l'allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane.

- Parole du Seigneur.

Is 8, 23b - 9, 3

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ?

J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie.

Mais j'en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur. »

Ps 26 (27), 1, 4abcd, 13-14

Tenez tous le même langage ; qu'il n'y ait pas de division entre vous

Frères, je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ : ayez tous un même langage ; qu'il n'y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et d'opinions. Il m'a été rapporté à votre sujet, mes frères, par les gens de chez Chloé, qu'il y a entre vous des rivalités. Je m'explique. Chacun de vous prend parti en disant : « Moi, j'appartiens à Paul », ou bien : « Moi, j'appartiens à Apollos », ou bien : « Moi, j'appartiens à Pierre », ou bien : « Moi, j'appartiens au Christ ». Le Christ est-il donc divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? Le Christ, en effet, ne m'a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l'Évangile, et cela sans avoir recours au langage de la sagesse humaine, ce qui rendrait vaine la croix du Christ.

- Parole du Seigneur.

1 Co 1, 10-13.17

Il vint habiter à Capharnaüm pour que soit accomplie la parole d'Isaïe

Quand Jésus apprit l'arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C'était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l'ombre de la mort, une lumière s'est levée. À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mt 4, 12-17