Homélie du 2 mai 2021

Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit

Dimanche, 5ème Semaine du Temps Pascal - Année B

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

En pensant à vous je me suis posé la question : de quoi avons-nous besoin aujourd'hui ? Aujourd'hui où toutes les questions d'actualité sont diffusées et minute après minute ? où l'on se préoccupe non seulement de ses proches, de son village, de sa ville, mais de la pandémie qui fait des ravages en Inde et au Brésil, d'un canot de migrants perdu corps et biens en Méditerranée, sans oublier le muguet du premier mai, fidèle au rendez-vous, des exploits des cosmonautes qui se promènent au-dessus de nos têtes en attendant d'atteindre la planète Mars, sans oublier non plus les joies intimes de la naissance d'un premier-né, de la patience courageuse d'un aïeul ou au contraire du désarroi créé par les mésententes, de la frustration des talents inemployés et des besoins spirituels dont on ne parle guère au grand dam des croyants qui se sentent minorisés. Au milieu de tout cela, voici une heure mise à part où, tous smartphones éteints, nous nous mettons à l'écoute de la Parole de Dieu, et de la pluie de paroles tombées sur nous, nous pouvons recueillir quelques gouttes.

Ce dimanche, - vous n'allez pas me croire !- c'est le mot « si » qui a retenu mon attention ! Tous les « si » présents tant dans l'Evangile de la vigne que dans l'épître de St Jean, peuvent se résumer comme suit : « Si tu ne demeures pas attaché au Seigneur, tu vas te dessécher ou, comme l'exprime la prière finale de cette messe « ta vie tombera en ruines ». Mais, si tu t'attaches - si tu crois - au Seigneur, quoi que tu lui demandes, tu l'obtiendras. Le petit mot « si » est la garantie de notre liberté humaine face à Dieu : ses dons, sa bonté, sa grâce, ne sont pas conditionnés par nos mérites ou nos bonnes actions. Mais sans un Amen à la volonté de Dieu, rien ne peut se passer : « En dehors de Moi vous ne pouvez rien faire ». Songeons encore à ce passage de l'Apocalypse : « Je me tiens à la porte et je frappe, dit le Seigneur, si quelqu'un m'ouvre la porte, j'entrerai- ».

A quoi sommes-nous donc invités, si ce n'est à remplacer tous les si par des « oui » qui pour un chrétien se disent « Amen » un mot qui pour les Hébreux évoquait la solidité du roc sur lequel on s'appuie en toute sécurité, l'assurance d'être entre les mains de Dieu, sous la guidance du bon Berger, l'attachement au cep de la vigne où circule la sève. Attention, cependant !Le salut n'est pas en notre pouvoir mais au bout de la prière et de la demande : de la demande « au nom de Jésus ». Comme nous le rappelait le fr. Benoît dimanche dernier, le nom « Jésus » signifie « Dieu sauve » et l'action de le mâcher, de le remâcher - non des lèvres mais avec le coeur- ouvre l'homme à l'action bienfaisante du Père et à l'intervention éclairante et réconfortante de l'Esprit attendu à la Pentecôte. Rappelons encore St Paul « s'exprimant avec assurance « au nom de Jésus » et affirmant : « Ce n'est pas moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi. »

Soeurs et Frères, personne de nous, je pense, n'a renoncé à porter du fruit : quel que soit son âge, sa santé, il ne peut renoncer à cette saine ambition : mais il doit, avec humilité, sinon avec humour, laisser Dieu le purifier, l'émonder, le simplifier, le débarrasser de cet orgueil qui fait que l'homme, s'il n'ignore pas son Créateur, risque toujours de vouloir se mettre à sa place. Souvenons-nous du bon Pape Jean XXIII : on raconte qu'ayant lancé l'idée et le projet d'un concile, il se retrouve le soir tout angoissé en prière au pied du lit : « Seigneur, dans quelle affaire ai-je lancé mon Église ? » Réponse du Seigneur : « Jean, ce n'est pas ton Eglise, mais mon Église : laisse-moi m'occuper de mon Église et toi, va dormir en paix. » Je voudrais terminer par une phrase-choc entendue dans l'évangile de la messe d'hier : « Amen, Amen, Je vous le dis : Celui qui croit en Moi fera les oeuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai ». Et si nous prenions le Seigneur au mot ?

 

Barnabé leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur

En ces jours-là, arrivé à Jérusalem, Saul cherchait à se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, car ils ne croyaient pas que lui aussi était un disciple. Alors Barnabé le prit avec lui et le présenta aux Apôtres ; il leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment, à Damas, il s'était exprimé avec assurance au nom de Jésus. Dès lors, Saul allait et venait dans Jérusalem avec eux, s'exprimant avec assurance au nom du Seigneur. Il parlait aux Juifs de langue grecque, et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. Mis au courant, les frères l'accompagnèrent jusqu'à Césarée et le firent partir pour Tarse.

L'Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elle se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur ; réconfortée par l'Esprit Saint, elle se multipliait.

- Parole du Seigneur.

Ac 9, 26-31

Devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses. Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : « À vous, toujours, la vie et la joie ! »

La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui : « Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations ! »

Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir. On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son ?uvre !

21 (22), 26b-27, 28-29, 31-32

Voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de Jésus Christ et nous aimer les uns les autres

Petits enfants, n'aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. Voilà comment nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous apaiserons notre c?ur ; car si notre c?ur nous accuse, Dieu est plus grand que notre c?ur, et il connaît toutes choses.

Bien-aimés, si notre c?ur ne nous accuse pas, nous avons de l'assurance devant Dieu. Quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux. Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l'a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et voilà comment nous reconnaissons qu'il demeure en nous, puisqu'il nous a donné part à son Esprit.

- Parole du Seigneur.

1 Jn 3, 18-24

Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l'enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu'il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.

Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c'est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Jn 15, 1-8