Homélie du 12 décembre 2021

 Que devons-nous faire ? 

3ème Dimanche de l'Avent, de Gaudete - Année C

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
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« Ne crains pas, le Seigneur est-en Toi, Il aura-en toi sa joie, Il est grandau milieu de toi, le Saint d'Israël... Ne soyez inquiets de rien....la paix de Dieu gardera vos cœurs....dans le Christ Jésus. »

Voilà les recommandations du prophète et, quelques siècles plus tard, de Paul. Et, entre ces deux prises de parole, nous entendons les questions posées à Jean Baptiste par les foules, les publicains, les soldats : que faut-il faire ? Que faire ? On entend rarement la question : « Qu'être ? » ou « Que devons-nous être ? » Au fond, ce que Jean recommande n'est pas différent de ce que Jésus proclamera dans le discours sur la montagne : « Heureux les miséricordieux, les doux, les cœurs purs, les pacifiques... ». Cependant, cela ne se fera pas tout seul ou plutôt : le baptême de Jean ne suffira pas : Celui dont les prophètes ont parlé depuis des siècles, le Messie attendu, voilà celui dont vous aurez besoin. Moi, je suis venu avec l'eau, lui, l'Agneau, le Messie de Dieu, viendra avec le feu et l'Esprit-Saint. Ce que Jean annonce c'est donc une proximité inouïe entre l'humanité et son Créateur, entre l'humain et le divin : plus de geste barrière entre vous et Dieu ! Dans une homélie sur l'Incarnation, Saint Pierre Chrysologue, évêque de Ravenne au Vème siècle, parle en des termes frappants de réalisme de cette proximité de Dieu à l'égard déjà des grandes figures du Premier Testament : Noé Abraham, Moïse, David. Voici ce qu'il dit à propos d'Abraham : « Dieu, voyant le monde ravagé par la crainte, agit sans cesse pour le rappeler à Lui avec amour et l'envelopper de tendresse. Voilà pourquoi il accompagne Abraham dans son voyage, devient aimablement son hôte, lui donne un descendant qu'il n'espérait plus ; afin que comblé de tant de bienfaits, choyé par une telle douceur d'amour divin, il apprenne à aimer Dieu, non à le craindre, à l'honorer en l'aimant, et non en le redoutant. » Un théologien contemporain exprime cela à sa manière : « A la connaissance naturelle de Dieu propre aux hommes du Premier Testament, la révélation de Jésus-Christ substitue la présence immédiate, l'étreinte personnelle du Dieu vivant. »

Ne vous semble-t-il pas que le temps de l'Avent nous renvoie déjà à la Pentecôte qui est comme un Noël personnalisé, à la mesure de chaque baptisé, baptisé dans l'eau et le feu et l'Esprit-Saint ? C'est parce que l'Esprit de Dieu est répandu dans le cœur, qu'il est désormais possible de vivre comme Dieu, de ne pas craindre, de partager, de renoncer à la guerre, à la violence, à l'orgueil, d'envisager une politique courageuses vis-à-vis des immigrés comme la pratiquait Angela Merkel et comme nous y encourage avec insistance le pape François. « Laissons-nous donc guider par l'Esprit de Dieu, qui habite en nos cœurs comme nous le chantons si souvent dans la prière chorale. » Jean Baptiste nous aide à faire un pas vers ce Dieu dont il n'est pas lui-même le porteur mais l'annonciateur. Il montre du doigt l'Agneau de Dieu, ce Jésus qui à son tour va montrer du doigt, pour ainsi dire, Dieu devenu plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes : l'Esprit-Saint.

Le peuple était dans l'attente, dit St Luc : l'Eglise est invitée à cette apparente inactivité qu'est l'attente : en cultivant des plantes pas très spectaculaires : des plantes de confiance - « je n'ai plus de crainte » - de paix : « ne soyez inquiets de rien »- des plantes de foi et d'espérance, des plantes d'écoute généreuse : ne pas se priver d'une bonne nouvelle qui est là : par exemple : l'évangile ne dit pas que le Seigneur sera proche mais qu'il est proche et donc : la promesse du don de l'Esprit, aux dires de Paul, est réalisée : « Vous êtes le Temple de Dieu et l'Esprit habite en vous » (1 Co 3, 16) et encore : « Nous avons accès auprès de Dieu en un seul Esprit » (Eph. 2, 18) . Marie elle-même n'avait-elle pas vécu cette Pentecôte personnelle : « L'Esprit-Saint viendra sur toi.. » qui lui inspirera son Magnificat .

Je vous baptise dans l'eau, lui, dans l'Esprit et le feu. C'est l'époque des cadeaux, des lumières dans les jardins, dans les maisons, sur les places publiques, c'est le temps des vœux.....Je ne veux pas insinuer que tout cela ce ne vaut rien mais plutôt que tous ces signes de fêtes, tous ces vœux ne peuvent s'arrêter là ! A Noël Il y a plus que les flonflons de la fête, il y a ici plus que les vœux : « Bonne année, bonne santé etc.... » : ici aujourd'hui il y a l'Esprit et le feu : ce que nous disons avec nos pauvres mots, Jésus l 'a réalisé : partout où il est passé, il a semé le bonheur et la joie, il n'a pas attendu la nouvelle année pour faire cela : tous les jours de la semaine lui convenaient pour nourrir et abreuver, pour guérir et ressusciter, pour consoler et pardonner bref , pour apporter joie et allégresse à des gens de tous horizons chaque fois qu'il percevait en eux une attente, un désir de vie, de guérison, voire de conversion. Et quand s'interrompit sa présence physique, le plus beau cadeau sous le sapin fut « Recevez l'Esprit Saint ! » : un Noël de Pentecôte ou une Pentecôte de Noël : cadeau invisible mais précieux puisqu'il s'agit non pas de Dieu avec nous mais de Dieu en nous.

Mes Sœurs, mes frères, l'Evangile n'est pas loin des urgences du XXIème siècle ni des actions recommandées, si nous ne voulons pas nous contenter de lamentations stériles ou de souhaits sans lendemains. Quelques euros pour « Vivre Ensemble » c'est bien, mais davantage encore, ce qui vaut de l'or, c'est de faire conversation avec la mendiante de la rue Neuve, avec le SDF du Douaire ou de payer d'un sourire un proche au visage triste et fermé. Ces miracles-la, seul l'Esprit et le feu peuvent les obtenir. Merci, Jésus, d'envoyer ton Esprit sur ton peuple, d'envoyer ton Esprit sur ton peuple rassemblé. Amen !

 

Le roi d'Israël, le Seigneur, est en toi

Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, de tout ton c?ur bondis de joie, fille de Jérusalem ! Le Seigneur a levé les sentences qui pesaient sur toi, il a écarté tes ennemis. Le roi d'Israël, le Seigneur, est en toi. Tu n'as plus à craindre le malheur.

Ce jour-là, on dira à Jérusalem : « Ne crains pas, Sion ! Ne laisse pas tes mains défaillir ! Le Seigneur ton Dieu est en toi, c'est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il exultera pour toi et se réjouira, comme aux jours de fête. »

- Parole du Seigneur.

So 3, 14-18a

Voici le Dieu qui me sauve : j'ai confiance, je n'ai plus de crainte. Ma force et mon chant, c'est le Seigneur ; il est pour moi le salut. Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut.

« Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits ! » Redites-le : « Sublime est son nom ! »

Jouez pour le Seigneur, il montre sa magnificence, et toute la terre le sait. Jubilez, criez de joie, habitants de Sion, car il est grand au milieu de toi, le Saint d'Israël !

Is 12, 2-3, 4bcde, 5-6

Le Seigneur est proche

Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu'on peut concevoir, gardera vos c?urs et vos pensées dans le Christ Jésus.

- Parole du Seigneur.

Ph 4, 4-7

Que devons-nous faire ?

En ce temps-là, les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu'il partage avec celui qui n'en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu'il fasse de même ! » Des publicains (c'est-à-dire des collecteurs d'impôts) vinrent aussi pour être baptisés ; ils lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « N'exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » Des soldats lui demandèrent à leur tour : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites violence à personne, n'accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde. » Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n'était pas le Christ. Jean s'adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l'eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s'éteint pas. » Par beaucoup d'autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 3, 10-18