Homélie du 24 juillet 2022

 Marthe le reçut. Marie a choisi la meilleure part 

16ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Une homélie de fr. Benoît Standaert

Homélie :
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Bienvenue à vous tous, chers amis, pour célébrer ce dimanche où l'évangéliste Luc nous propose une véritable catéchèse de la prière. «  Seigneur, apprends-nous à prier  ». Ce cri du cœur d'un des disciples de Jésus est aussi le nôtre. La première prière, c'est déjà celle qui avoue ne pas savoir comment prier comme il convient. Cette impuissance reconnue est prière, la plus pauvre en réalité mais que Dieu entend et exauce toujours, comme nous le rappelle tout le Psautier de David. Entrons donc avec grande confiance dans cette liturgie : Jésus lui-même témoigne à chaque phrase que Dieu donnera la prière à celui qui la lui demande : l'Esprit priera en lui et libérera la prière la plus pure. Chantons donc avec foi la prière des pauvres : Kyrie, eleison. Ô Seigneur, prends pitié de nous et de notre monde.

Homélie

Bien chers amis.

Le temps des vacances est un temps propice pour prendre du recul, faire le point, envisager tout notre projet de vie et redimensionner notre agir autour de ce qu'il y a de plus essentiel - l'unique nécessaire.

Un vieux dicton rabbinique rappelle que «  le monde repose sur trois colonnes  ». Heureux qui retrouve dans le quotidien cette solidité d'un triple principe qui affecte nos trois relations essentielles : à nous-même dans la sagesse, à Dieu dans le culte et à autrui dans la charité. Il y a de fait le premier principe de l'étude, de la réflexion, de la lucidité : «  L'étude de la Torah  », disent les rabbins. «  La Doctrine des apôtres  », disent les Actes des Apôtres. La lectio divina, disait saint Benoît, de son temps. L'écoute attentive et intelligente de la Parole de Dieu, disons nous aujourd'hui, une sagesse pour chaque instant. La deuxième colonne concerne le culte, la prière, la relation à Dieu dans tout ce qui est oraison. L'opus divinum de saint Benoît, l'art de prier sans cesse de Jésus, de saint Paul et du pèlerin russe. La troisième colonne s'incarne dans «  les œuvres de miséricorde  », disent les rabbins, la charité de saint Paul, l'humanitas de saint Benoît, l'hospitalité et le service mutuel, l'attention aux plus petits, aux malades, aux enfants comme aux vieillards, à l'étranger, au pauvre qui frappe à la porte.

Or ces trois colonnes, Luc les a rejouées à sa façon, dans les trois péricopes qu'on a entendues dans la succession des trois derniers dimanches : aujourd'hui nous recevons une catéchèse sur la prière, avec une anecdote racontée sous forme de parabole. La parabole des trois amis avec la demande des trois pains dans la nuit ! Il y a quinze jours on avait affaire à un légiste qui interrogeait Jésus : «  Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?  » Jésus l'a renvoyé à la Torah de Moïse, et la réponse du légiste était parfaite : «  Fais ainsi et tu vivras  ». Mais il voulait savoir plus exactement : «  Qui est mon prochain ?  » Et là, Jésus illustrait l'amour du prochain par le fait divers d'un homme tombé aux mains de bandits, entre Jérusalem et Jéricho, avec un Samaritain qui le découvre au bord du chemin, à demi mort. Nous recevions toute une catéchèse des œuvres de miséricorde, la troisième colonne. Dimanche dernier, au beau milieu de tout, il y avait le récit de l'hospitalité avec les deux sœurs Marthe et Marie, le moment de discernement de l'unique nécessaire qui a priorité sur tout et que nul ne peut ravir. La lumière de la Torah, diraient les rabbins, l'écoute patiente et vitale de la Parole qui éclaire toute la vie.

En trois dimanches on reçoit ainsi un enseignement complet sur l'essentiel : lucidité dans l'intelligence de ce que Dieu dit et veut, c'est la première colonne ; persévérance dans la prière concerne la deuxième colonne, et application dévouée au service d'autrui, la troisième. Et les rabbins insistent : n'essayez pas de réduire les trois colonnes à deux ou à une seule. Votre monde s'écroulera. Veillons à honorer Marthe et Marie, le bon Samaritain et l'ami dérangeant et dérangé dans la nuit.

Jésus précise aujourd'hui : ne cherchez pas trop loin pour trouver la solution à votre questionnement. Interrogez votre cœur. «  Qui d'entre vous...  » nous dit-il, s'il est père... Il ne va tout de même pas donner une pierre à son fils qui lui demande du pain ! S'il est ami, il ne va pas refuser de donner ce que demande son ami, même si celui-ci le dérange en pleine nuit et insiste avec impudence ! Combien plus Dieu donnera, lui qui est autrement père de chacun de nous et autrement ami à l'égard de nous tous !

Dieu donne, nous enseigne Jésus. Et il donne le meilleur ! Dieu donne le meilleur à qui demande le meilleur ! Dieu ne donne rien d'autre finalement que l'Esprit saint, il donne ce qu'il est, non pas ce qu'il a car il n'a rien, il ne possède rien, n'est intéressé à fermer la main sur rien. Il se donne, sans plus.

Et surtout ne doutez pas, dit Jésus : «  À qui frappe on ouvrira ! Qui cherche trouve ! Qui demande reçoit !  » Jésus le répète jusqu'à six fois, comme un poème lancinant, tant il est sûr de ce qu'il avance ! Heureux qui communie à sa belle confiance en Dieu ! Origène, en écoutant ce passage, analyse chaque expression et retrouve nos trois colonnes : Demande et tu recevras ! Voilà la prière. Cherche et tu trouveras, voilà l'étude - scruter les Ecritures ! Frappe à la porte et on ouvrira, voilà l'action ! Et les trois ne font qu'un car Dieu donne.

Prions donc. Etudions chaque jour un peu pour voir clair dans la foi, désirons d'un cœur ardent dans la prière pleine d'espérance, pour enfin vivre la joie du partage, dans le service, l'hospitalité, l'amitié, l'amour.

Chaque eucharistie du dimanche célèbre l'interaction des trois axes de la vie : les fameuses colonnes du monde. Ne négligeons aucun des trois axes, l'étude de la Parole, la prière qui rend grâce et la joie du partage, et découvrons que tout aboutit dans la paix de Dieu, qui est tout et en tous. Ainsi soit-il. Amen.

Père très saint, Tu es proche de chacun de nous. Tu nous invites à demander, chercher et frapper sans relâche.

Et tu donnes la prière à celui qui te la demande. Donne-nous donc ton Esprit qui prie en nous, Que nous soyons prompts à accomplir ta volonté en toute chose et à te rendre grâces en toute circonstance, Par Jésus Christ...

 

Mon seigneur, ne passe pas sans t'arrêter près de ton serviteur

En ces jours-là, aux chênes de Mambré, le Seigneur apparut à Abraham, qui était assis à l'entrée de la tente. C'était l'heure la plus chaude du jour. Abraham leva les yeux, et il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui. Dès qu'il les vit, il courut à leur rencontre depuis l'entrée de la tente et se prosterna jusqu'à terre. Il dit : « Mon seigneur, si j'ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t'arrêter près de ton serviteur. Permettez que l'on vous apporte un peu d'eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre. Je vais chercher de quoi manger, et vous reprendrez des forces avant d'aller plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur ! » Ils répondirent : « Fais comme tu l'as dit. » Abraham se hâta d'aller trouver Sara dans sa tente, et il dit : « Prends vite trois grandes mesures de fleur de farine, pétris la pâte et fais des galettes. » Puis Abraham courut au troupeau, il prit un veau gras et tendre, et le donna à un serviteur, qui se hâta de le préparer. Il prit du fromage blanc, du lait, le veau que l'on avait apprêté, et les déposa devant eux ; il se tenait debout près d'eux, sous l'arbre, pendant qu'ils mangeaient. Ils lui demandèrent : « Où est Sara, ta femme ? » Il répondit : « Elle est à l'intérieur de la tente. » Le voyageur reprit : « Je reviendrai chez toi au temps fixé pour la naissance, et à ce moment-là, Sara, ta femme, aura un fils. »

- Parole du Seigneur.

Gn 18, 1-10a

Celui qui se conduit parfaitement, qui agit avec justice et dit la vérité selon son c?ur. Il met un frein à sa langue.

Il ne fait pas de tort à son frère et n'outrage pas son prochain. À ses yeux, le réprouvé est méprisable mais il honore les fidèles du Seigneur.

Il ne reprend pas sa parole. Il prête son argent sans intérêt, n'accepte rien qui nuise à l'innocent. Qui fait ainsi demeure inébranlable.

Ps 14 (15), 2-3a, 3bc-4ab, 4d-5

Le mystère qui était caché depuis toujours mais qui maintenant a été manifesté

Frères, maintenant je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous ; ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l'accomplis pour son corps qui est l'Église. De cette Église, je suis devenu ministre, et la mission que Dieu m'a confiée, c'est de mener à bien pour vous l'annonce de sa parole, le mystère qui était caché depuis toujours à toutes les générations, mais qui maintenant a été manifesté à ceux qu'il a sanctifiés. Car Dieu a bien voulu leur faire connaître en quoi consiste la gloire sans prix de ce mystère parmi toutes les nations : le Christ est parmi vous, lui, l'espérance de la gloire !

Ce Christ, nous l'annonçons : nous avertissons tout homme, nous instruisons chacun en toute sagesse, afin de l'amener à sa perfection dans le Christ.

- Parole du Seigneur.

Col 1, 24-28

Marthe le reçut. Marie a choisi la meilleure part

En ce temps-là, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut. Elle avait une s?ur appelée Marie qui, s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma s?ur m'ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m'aider. » Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t'agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 10, 38-42