Homélie du 25 septembre 2022

 Tu as reçu le bonheur, et Lazare, le malheur. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance 

26ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
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«  Jésus disait aux Pharisiens  ». Ces pharisiens, auxquels Jésus adresse la parabole de l'homme riche et de Lazare, St Luc vient d'en parler au verset 14 du même chapitre : «  Les Pharisiens qui aimaient l'argent se moquaient de Jésus. Il leur dit donc : «  Vous êtes, vous, ceux qui se donnent pour justes aux yeux des hommes, mais Dieu connaît vos cœurs. Car ce qui est élevé aux yeux des hommes est une horreur aux yeux de Dieu.  »

J'ai rencontré Lazare à Rome, il y a deux semaines, sur la grande avenue qui débouche sur la place Saint Pierre. Il, ou plutôt elle, car c'était une femme, s'appelait Maria-Teresa: terrible à voir : non pas couverte d'ulcères, mais entièrement emballée, de la tête aux pieds, dans des masques, des tissus et de larges bandes de papier collant. Tellement emberlificotée dans tout cet attirail, la voilà qui laisse tomber à terre les quelques cents récoltés dans un gobelet de carton. Près de là, un passant l'aide à ramasser ses sous en échangeant quelques mots et en essayant de gagner à sa cause des touristes attablés aux terrasses ainsi qu'un groupe de jeunes assis le long du trottoir. En vain !

Alors, l'évangile ! Quelque chose de lointain ? De dépassé ? D'incompréhensible ? En fait, il était là, sous mes yeux : pas besoin d'un grand cours d'exégèse ou d'un diplôme de Théologie pour lire l'événement ou pour se rappeler St François embrassant le lépreux. Maria Teresa était là sous les yeux de centaines de personnes : étions-nous tous aveugles ?

Je me rappelais soudain qu'à quelques centaines de mètres de là, le pape François avait rédigé l'Encyclique «  Fratelli Tutti  » sur la fraternité et l'amitié sociale. Commentant la parabole du Bon Samaritain, il disait : «  Nous sommes tous responsables du blessé qui est le peuple lui-même et tous les peuples de la terre. » et encore : «  Laissons de côté toutes les différences et, face à la souffrance, devenons proches de toute personne.  » (§ 79 et 81)

Les différentes lectures de ce dimanche illustrent le contraste frappant entre l'égoïsme le plus crasse et la solidarité la plus délicate. D'une part la bande des «  vautrés qui se goinfrent et s'enivrent  », d'autre part, ceux que Paul invite à «  s'emparer de la vie éternelle  » c'est-à-dire une vie qui ne s'achève pas avec la mort physique mais qui se poursuit dans l'amour. L'abîme d'indifférence entre les deux on ne peut le franchir qu'en imitant Jésus -«  Imitation de Jésus-Christ.  » Le psaume 145 nous en a tracé le portrait : «  Le Seigneur fait justice aux opprimés, aux affamés il donne le pain...il redresse les accablés...il protège l'étranger...il soutient la veuve et l'orphelin.  »

A certains moments de la vie, c'est nous qui sommes Lazare, attendant une main secourable. A d'autres, nous sommes des «  christophores  », des porteurs du Christ lui laissant les mains libres ou plutôt laissant son Esprit agir en nous. L'Eucharistie n'est elle pas ce moment privilégié où Jésus nous transforme en lui-même pour la gloire et la joie du Père ? AMEN !

 

La bande des vautrés n'existera plus

Ainsi parle le Seigneur de l'univers : Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Sion, et à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie. Couchés sur des lits d'ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les agneaux du troupeau, les veaux les plus tendres de l'étable ; ils improvisent au son de la harpe, ils inventent, comme David, des instruments de musique ; ils boivent le vin à même les amphores, ils se frottent avec des parfums de luxe, mais ils ne se tourmentent guère du désastre d'Israël ! C'est pourquoi maintenant ils vont être déportés, ils seront les premiers des déportés ; et la bande des vautrés n'existera plus.

- Parole du Seigneur.

Am 6, 1a.4-7

Le Seigneur garde à jamais sa fidélité, il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés.

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l'étranger.

Il soutient la veuve et l'orphelin, il égare les pas du méchant. D'âge en âge, le Seigneur régnera : ton Dieu, ô Sion, pour toujours !

Ps 145 (146), 6c.7, 8.9a, 9bc-10

Garde le commandement jusqu'à la Manifestation du Seigneur

Toi, homme de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! C'est à elle que tu as été appelé, c'est pour elle que tu as prononcé ta belle profession de foi devant de nombreux témoins.

Et maintenant, en présence de Dieu qui donne vie à tous les êtres, et en présence du Christ Jésus qui a témoigné devant Ponce Pilate par une belle affirmation, voici ce que je t'ordonne : garde le commandement du Seigneur, en demeurant sans tache, irréprochable jusqu'à la Manifestation de notre Seigneur Jésus Christ. Celui qui le fera paraître aux temps fixés, c'est Dieu, Souverain unique et bienheureux, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, lui seul possède l'immortalité, habite une lumière inaccessible ; aucun homme ne l'a jamais vu, et nul ne peut le voir. À lui, honneur et puissance éternelle. Amen.

- Parole du Seigneur.

1 Tm 6, 11-16

Tu as reçu le bonheur, et Lazare, le malheur. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance

En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d'ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l'emportèrent auprès d'Abraham. Le riche mourut aussi, et on l'enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui. Alors il cria : ?Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l'eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. - Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.? Le riche répliqua : ?Eh bien ! père, je te prie d'envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j'ai cinq frères : qu'il leur porte son témoignage, de peur qu'eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !? Abraham lui dit : ?Ils ont Moïse et les Prophètes : qu'ils les écoutent ! - Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu'un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.? Abraham répondit : ?S'ils n'écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts : ils ne seront pas convaincus.? »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 16, 19-31