Homélie du 15 janvier 2023

 Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde 

dimanche, 2ème Semaine du Temps Ordinaire - Année A

Une homélie de fr. Martin Neyt

Homélie :
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Mes sœurs, mes frères et nos hôtes invisibles sur internet, soyez les bienvenus en ce jour.

Le temps s'écoule parfois si vite et la liturgie n'échappe pas à ce rythme. Nous avons fêté Noël, Jésus vrai Dieu, vrai homme ; La Vierge Marie, Mère de Dieu, le 1er janvier ; l'Epiphanie et les rois mages (dimanche dernier) suivi lundi du Baptême du Christ décrit par St Matthieu et aujourd'hui, voici le récit de Jean-Baptiste baptisant Jésus, rapporté par St Jean.

Et nous voici dans le temps ordinaire de l'Eglise qui présente les vocations du Serviteur de Dieu dans Isaïe, la vocation de St Paul, Jésus baptisé qui choisit ses apôtres. Pour nous, mercredi commence la Semaine de l'unité des chrétiens.

Ce dimanche, le P. Romain fête 73 ans de vie monastique et jeudi 98 ans, son anniversaire.

Restons, en chacune de nos vies, attachés au Seigneur Jésus et implorons pour nous et le monde sa lumière, sa grâce, sa miséricorde.

Homélie

Mes sœurs, mes frères.

Je partirai d'une sentence simple qui a révolutionné la vie de jeunes chrétiens à Rome, puis dans notre pays, à Anvers et à Liège. En mai 1968, dans le climat politique de l'époque contestant toute autorité et toute tradition, Andrea Ricardi, fondateur de Sant Egidio, lance ses mots : «  pour changer le monde, il faut d'abord changer son cœur  » !

L'objectif est de rendre la ville plus humaine et plus solidaire des défavorisés. Des jeunes, des adolescents, des étudiants répondent à son appel. Il s'agit d'abord de créer des liens d'amitié entre des jeunes et les personnes dans le besoin. C'est déjà une transformation du cœur. Tous se rassemblent régulièrement dans l'église du Transtevere (Santa Maria) et comme les premières communautés chrétiennes : ils ont un cœur et une âme. La bienveillance est le maître-mot.

Je me rappelle un souvenir du P. Jacques Dupont, de chez nous, qui visita souvent leur communauté naissante et répondit aux parents qui se plaignaient que leurs enfants étaient souvent absents. Le P. Jacques leur commenta Jésus à 12 ans qui avait quitté ses parents pour approfondir la Parole de Dieu à Jérusalem.

Ce matin, méditons les trois textes du jour qui ont bien des échos avec la fête du Baptême du Christ.

L'Esprit de Dieu qui repose sur le Serviteur choisi par Dieu « Mon Serviteur, ce sera toi !  » (Is. 49.3). Je t'ai formé dès le sein maternel. Je t'ai destiné à être la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu'à l'extrémité de la terre...Et ailleurs (42.6) J'ai mis mon Esprit sur lui...pour ouvrir les yeux aveuglés, tirer du cachot le prisonnier...

Dans l'épître de St Paul : «  J'ai été appelé à être apôtre du Christ Jésus. Apôtre par appel, saint par appel.  »

Quand Jean-Baptiste voit le Souffle de Dieu, son Esprit descendre du ciel (comme une colombe, écrit-il) reposer sur Jésus à son Baptême et y demeurer, il le perçoit comme un don permanent et sans limite.

L'appel que chacun de nous entend depuis son baptême est pareil au fil conducteur qui constitue la trame de notre vie et nous conduit mystérieusement au service que nous remplissons sur cette terre. Cet appel nous est adressé personnellement. Il nous saisit tout entier. Il ébranle nos profondeurs et réveille les moments importants du chemin parcouru.

Cet appel est double : changer le monde et changer notre cœur. C'est la raison pour laquelle j'ai retenu l'exemple de Sant Egidio. Une main tendue vers la personne en difficulté, dans l'entraide et le dialogue ; l'autre main méditant sur l'Esprit de Dieu qui repose en nous. Nous ouvrir à cet Esprit de Dieu qui vient à notre rencontre, nous laisser habiter par lui, qu'il puisse brûler en nous comme un feu.

Notre vie a comme objectif de laisser grandir avec joie ces deux pôles action et contemplation, nous rappelant notre baptême et le feu qui repose sur la personne de Jésus.

Saint Antoine s'écrie : «  ce grand Esprit de feu que moi-même j'ai reçu, recevez-le vous aussi. Et quiconque reçoit et Esprit, ne prie plus seulement pour lui-même, mais aussi pour les autres. Et de poursuivre : «  Ne doutez-pas dans votre cœur ; n'ayez pas un cœur double et ne dites pas qui pourrait le recevoir ? Demandez avec droiture de cœur cet Esprit de feu et il vous sera donné  ».

Le Christ est le Fils Bien-aimé Il nous ouvre l'amour et la vérité de son Père qui est aussi notre Père.

Cette effusion de l'Esprit est célébrée au Baptême du Christ et à la Pentecôte. Le Christ Jésus nous appelle «  Venez et voyez  » dit-il. Que voyons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? La joie de le suivre habite-t-elle en nous ? La réponse à cette démarche est celle des premiers chrétiens.

C'est une énigme que nous avons du mal à déchiffrer, un appel entendu qui émerge lentement comme un choix de vie, ou encore une sorte de coup de foudre.

Aujourd'hui, dans la figure du Serviteur habité par l'Esprit qui repose sur lui, dans la vocation de St Paul, appelé par la volonté de Dieu à être apôtre de Jésus et par le témoignage de Jean-Baptiste, parlant d'un homme qu'il ne connaissait pas, qui venait après lui mais qui était avant lui, nous sommes appelés à nous rapprocher d'une profondeur de vie dans l'Esprit Saint, dans la force d'un feu qui transforme peu à peu nos cœurs : dans l'amitié et la prière.

De la Pentecôte où le feu divin tombe sur les disciples, des premières communautés chrétiennes qui n'avaient «  qu'un cœur et une âme  », le désir de cette communion d'amour du Fils Bien-aimé et de son Père s'est prolongé dans la Tradition monastique. 

Le charisme de saint Macaire était de savoir rassembler des hommes de caractères très dissemblables, de classes sociales très différentes, de races très diverses (Moïse le Noir, Arsène, ancien précepteur des enfants de l'empereur, des fellah égyptiens analphabètes). Tout ce monde vivait dans la plus grande harmonie spirituelle grâce à l'esprit de charité de Macaire et qui s'est transmis jusqu'à nos contemporains, jusqu'à nos jours. Telle est bien la source du monachisme qu'il nous est demandé de transmettre à ceux et celles qui nous entourent.

 

Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu'aux extrémités de la terre

Le Seigneur m'a dit : « Tu es mon serviteur, Israël, en toi je manifesterai ma splendeur. » Maintenant le Seigneur parle, lui qui m'a façonné dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur, que je lui ramène Jacob, que je lui rassemble Israël. Oui, j'ai de la valeur aux yeux du Seigneur, c'est mon Dieu qui est ma force. Et il dit : « C'est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, ramener les rescapés d'Israël : je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu'aux extrémités de la terre. »

- Parole du Seigneur.

Is 49, 3.5-6

D'un grand espoir j'espérais le Seigneur : il s'est penché vers moi Dans ma bouche il a mis un chant nouveau, une louange à notre Dieu.

Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j'ai dit : « Voici, je viens. »

Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse. Mon Dieu, voilà ce que j'aime : ta loi me tient aux entrailles.

Vois, je ne retiens pas mes lèvres, Seigneur, tu le sais. J'ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée.

Ps 39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd

À vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ

Paul, appelé par la volonté de Dieu pour être apôtre du Christ Jésus, et Sosthène notre frère, à l'Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus et sont appelés à être saints avec tous ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre.

À vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ.

- Parole du Seigneur.

1 Co 1, 1-3

Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde

Le lendemain, voyant Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara : « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c'est de lui que j'ai dit : L'homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l'eau, c'est pour qu'il soit manifesté à Israël. » Alors Jean rendit ce témoignage : « J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit : ?Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l'Esprit Saint.? Moi, j'ai vu, et je rends témoignage : c'est lui le Fils de Dieu. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Jn 1, 29-34