Homélie du 4 fevrier 2024

Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies

5ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine I du Psautier) - Année B

Une homélie de fr. Yves de patoul

Homélie :
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Une homélie de Lorenzo Saraceno

Nous en sommes encore aux premiers pas de notre itinéraire de lecture de l'évangile de Marc : Jésus se présente avec sa parole et ses gestes qui incitent ses contemporains et nous mêmes à reconnaître en lui le Messie, et à croire en lui, comme le Fils de Dieu, celui qui est venu répondre aux attentes de ceux qui désirent se libérer de la domination des forces du mal représentées par les démons, de la faiblesse à cause de la maladie physique et morale, et encore du sentiment d'impuissance qui prend ceux qui regardent sans indifférence la méchanceté et les souffrances du monde et des hommes. Dimanche dernier, l'acte inaugural, d'un certaine façon programmatique de Jésus dans la synagogue le jour du sabbat avait été sans doute retentissant : il avait mis en lumière l'autorité de Jésus, mais aussi l'animosité de l'adversaire que seul Jésus peut vaincre. Maintenant le récit il s'écoule vite : ici, en l'espace de vingt-quatre heures à peu près, entre la fin de la journée festive du samedi et le lendemain, plusieurs choses se passent, et l'évangéliste semble ne vouloir pas se fixer sur un moment particulier. Mais on peut noter que tout ce qui arrive est caractérisé par deux contrastes.

D'une côté des moments privés (un dîner chez Simon, une prière loin de tous), et des moments publics, où une foule de malades et des gens ordinaires se presse autour de Jésus.

De l'autre côté des moments d'obscurité, une soirée en amitié interrompue et une nuit de prière avant l'aube, et des moments en pleine lumière, où la scène change.

Entre ces deux pôles, dans cette perspective, nous avons écouté une affirmation de Pierre qui concerne ces foules autour de lui, mais qui pourrait nous concerner nous aussi : tout le monde te cherche...
J'ai parlé de moments intimes : un dîner entre amis à la fin du sabbat, où se passe quelque chose qui ne semble même pas un miracle, une simple guérison de la fièvre, mais qui permet à cette femme de se lever du lit et de servir Jésus. Qu'est-ce que cela signifie pour nous, ce petit événement privé ? Nous pouvons observer que c'est la première fois que nous trouvons dans cet évangile cette expression « se lever » que nous retrouverons dans d'autres situations de miracle plus retentissantes, et qui ne semble pas être fortuite (attention : c'est aussi le verbe qui indiquera la résurrection!). Cette fièvre tenait la femme couchée sur le lit, inactive, et après, une fois qu'elle a retrouvé ses forces, elle peut se mettre à servir à la table du Seigneur Jésus. Il s'agit alors de se lever, de surmonter une situation statique pour pouvoir accueillir et servir le Seigneur. C'est une petite guérison, un tout petit miracle en effet: mais le service qui devient possible est une petite résurrection à une vie qui a trouvé son sens et son but : sans avoir besoin d'aucune publicité, mais d'autant plus important, parce que le Seigneur Jésus a visité cette petite maison, chaque petite maison aussi, même la toute petite maison de notre cœur. Un autre moment privé, exclusif est celui de Jésus qui, sans se faire remarquer, sort dans la nuit pour prier. Ce qui n'est pas si évident de premier abord : Jésus, lui aussi a besoin de prier, et ce silence nocturne pour lui vaut comme la chambre fermée dont parle le discours de la montagne. Loin de l'ostentation, dans la vérité d'un seul à seul avec le Père.

Pourquoi ?En Italie, chez moi, il y a beaucoup des hôtes qui disent de venir au silence de mon ermitage pour « recharger les batteries » . L'expression me laisse toujours perplexe. Oui, sans doute on a quelque fois besoin de tranquillité et de repos. Cependant : il s'agit vraiment de devoir recharger les batteries, ou plutôt de retrouver, dans le silence, la vérité de notre être qui se place devant Dieu ? Là se retrouvent les vraies conditions du choix et de l'amour, à partir de la vérité de notre regard sur nous et sur le monde. Et surtout sur Dieu.
Il y a ensuite deux moments « publics »  : cette foule qui se presse à la porte de la maison de Simon, interrompant l'intimité de ce moment entre amis qui sont en train de apprendre à se connaître et à s'estimer . En effet Jesus vient de fonder une petite communauté de ses disciples, et il faut trouver des moments de partage donner un fondement à ce groupe. Tous ces gens qui s'entassent dans les ruelles de Capharnaüm, devant cette porte viennent apparemment briser l'harmonie d'une soirée de fête pour soumettre l'urgence des leurs besoins.

Il y a ensuite l'autre foule qui enfin semble violer le silence et l'intensité de cette nuit de prière, pour faire en sorte que Jésus se rende compte de l'urgence des faiblesses humaines et celle de la prédication de la parole, de l'annonce nécessaire de l'Évangile, de la bonne nouvelle. Jésus sait ce qu'il doit faire, et en même temps il doit lui-même en prendre conscience à partir d'une réalité concrète.
L'Evangile nous parle d'une journée vécue par de personnages qui sont pour tant d'aspects très communs, et de faits d'abord non pas éclatants, mais dans lesquels au contraire on peut découvrir des expériences, des prises de conscience décisives. Il suffit de savoir les rechercher et découvrir. 
Tout le monde cherche Jésus, mais ils le trouvent en premier lieu dans l'intimité d'un partage fraternel, et dans le silence d'une nuit de prière, dans la concentration sur l'essentiel de ce qui compte vraiment. Sans centre, il n'y a pas de véritable universalisme, et en même temps sans expérience de la nuit, il n'y a pas de perception de la lumière de l'Evangile. Je parle de l'expérience de la nuit, dans sa double valeur que les lectures de ce dimanche nous rappellent : celle de l'obscurité que Job perçoit comme absence d'un sens et d'une raison de vivre, mais aussi celle où, comme dans un sein maternel, on revient aux origines de notre être et de notre vie. Car dans le langage de la Bible les nuits sont le lieu d'où peut jaillir un nouveau ferment de salut : les nuits sont comme pour Job des moments de vérité sans illusions et sans fictions. La vérité, la réalité n'est pas toujours belle. Nous mêmes souvent nous avons des bonnes raisons de penser  à la manière de Job qui dit, dans sa nuit à lui : Vraiment, la vie de l'homme sur la terre est une corvée. Mais ça peut être aussi le moment de retrouver Dieu. Notez que dans le livre de Job ici, dans ce moment dramatique de prise de conscience, c'est la première fois que Job parvient enfin à tutoyer Dieu, à s'adresser directement à lui. Ce savoir donner du toi à Dieu est déjà un début de salut, car il est déjà un point de rencontre sans barrières et sans de faux désirs ou des fausses illusions.

Mais tout le monde cherche Jésus aussi dans ce rassemblement autour de lui, qui le pousse à élargir son regard, à trouver de nouveaux interlocuteurs qui puissent recevoir sa parole et sa consolation. 
Tout le monde le cherche, et ce n'est pas à nous de juger si la manière est consciente, si tous méritent de le trouver : il y a toujours d'autres villes, d'autres milieux où la Bonne Nouvelle peut répondre à nos nuits, à notre blocage par quelque fièvre. Le Seigneur et le monde ont aussi besoin de notre service d'hommes et de femmes ordinaires comme la belle-mère de Pierre. Mais nous devons retrouver notre centre, nous demander si vraiment nous cherchons Dieu, pour savoir nous poser nous même au marges du cercle autour de nous, pour donner au de là de notre centre de réponses à ceux qui, au marge, cherchent Dieu. Oui, pour témoigner qu'il est possible d'aller au-delà des corvées de la vie de tous les jours, et être des témoins d'espérance.

 

Je ne compte que des nuits de souffrance

Job prit la parole et dit : « Vraiment, la vie de l'homme sur la terre est une corvée, il fait des journées de man?uvre. Comme l'esclave qui désire un peu d'ombre, comme le man?uvre qui attend sa paye, depuis des mois je n'ai en partage que le néant, je ne compte que des nuits de souffrance. À peine couché, je me dis : ?Quand pourrai-je me lever ?? Le soir n'en finit pas : je suis envahi de cauchemars jusqu'à l'aube. Mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand, ils s'achèvent faute de fil. Souviens-toi, Seigneur : ma vie n'est qu'un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur. »

- Parole du Seigneur.

Jb 7, 1-4.6-7

Il est bon de fêter notre Dieu, il est beau de chanter sa louange : il guérit les c?urs brisés et soigne leurs blessures.

Il compte le nombre des étoiles, il donne à chacune un nom ; il est grand, il est fort, notre Maître : nul n'a mesuré son intelligence.

Le Seigneur élève les humbles et rabaisse jusqu'à terre les impies. Entonnez pour le Seigneur l'action de grâce, jouez pour notre Dieu sur la cithare !

Ps 146 (147a), 1.3, 4-5, 6-7

Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile !

Frères, annoncer l'Évangile, ce n'est pas là pour moi un motif de fierté, c'est une nécessité qui s'impose à moi. Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile ! Certes, si je le fais de moi-même, je mérite une récompense. Mais je ne le fais pas de moi-même, c'est une mission qui m'est confiée. Alors quel est mon mérite ? C'est d'annoncer l'Évangile sans rechercher aucun avantage matériel, et sans faire valoir mes droits de prédicateur de l'Évangile. Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait l'esclave de tous afin d'en gagner le plus grand nombre possible. Avec les faibles, j'ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l'Évangile, pour y avoir part, moi aussi.

- Parole du Seigneur.

1 Co 9, 16-19.22-23

Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies

En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d'André. Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s'approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.

Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d'un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu'ils savaient, eux, qui il était.

Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l'aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. » Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l'Évangile ; car c'est pour cela que je suis sorti. »

Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l'Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mc 1, 29-39