Une homélie de fr. Grégoire Maertens
Nous pourrions voir cette solennité comme un arrêt sur image, une pause : on guette avec une attention soutenue un événement capital, un peu comme on guettait la fumée blanche, à Rome, il y a quinze jours ! Jésus prend de la hauteur et, apparemment, laisse les Apôtres au ras du sol, à eux-mêmes.
On pourrait supposer une grande tristesse - une chambre des larmes - suite à ce départ, mais le grand désarroi, ce fut sans doute après l'horreur du vendredi saint, la douleur muette du samedi et la stupéfiante nouvelle du tombeau vide.
A présent, au contraire, après quelques consignes du Ressuscité, les Apôtres reçoivent de Jésus la bénédiction : non pas un geste machinal comme pour conjurer un mauvais sort ou une poignée de main distraite, mais un geste exprimant le don qu'il a fait de sa vie. Ensuite, c'est le retour joyeux à Jérusalem où, à leur tour, les Apôtres vont bénir, c'est-à-dire, rendre grâce à ce Père dont Jésus leur a tant parlé. Et puis ils vont attendre : attendre qui, quoi ?... Jésus le leur a dit explicitement : « Je vais envoyer sur vous ce que le Père a promis : une puissance venue d'En-Haut. »
Et maintenant, quelles nouvelles ? Il ne s'agit pas de rester regarder en l'air, ni de courir dans tous les sens mais d'« attendre » : activité qui n'est que moyennement appréciée du commun des mortels. Or Jésus les a prévenus et du même coup il nous avertit aussi : les temps et les moments, ce n'est pas leur affaire ni la nôtre : mais sommes-nous capables de régler nos montres sur celle de Dieu ?
Attendre ce que le Père a promis : non seulement un Fils qui a déjà bien payé de sa personne en faisant don de sa vie par amour et en affirmant : « Je ne vous laisse pas orphelins, je m'en vais et je viens à vous » et encore :« Vous serez revêtus d'une puissance... »
Quelle puissance ? Puissance de conversion, de pardon des péchés. Le mot est lâché : ce mot qui nous fait peut-être peur tant il est usé mais qui traduit quand même le mal être du monde où nous vivons.
Ne serait-ce pas précisément cela qui a mis les Apôtres en joie ?
L'assurance que ce monde, notre monde qui, par tant de côtés va mal,
est totalement pardonné par ce Père aux bras grands ouverts, et par le Fils au
corps cinq fois transpercé. En deux mots : Jésus a pris sur Lui le mal du monde :
Il m'a sauvé : IHS : Il est le « Fils de Dieu Sauveur. » Notre Credo c'est cela :
oui ou non ? Non pas un optimisme béat et désinformé mais le réalisme de la foi.
Déchargés d'un poids insupportable, les Apôtres joyeux, sont appelés à répandre la joie du salut à toutes les nations et à plonger les réalités de ce monde en ébullition et chaque être humain en particulier dans un merveilleux bain de jouvence, un baptême de salut.
Frères et Sœurs, redonnons aux mots leur fraîcheur: quand nous chantons : « Tu nous as sauvés, Seigneur, nous te rendons grâce à jamais », nous pouvons traduire cela dans nos mots d'aujourd'hui : « Merci, Père, merci de m'avoir remis debout, comme le fils prodigue ! »
Nous voici donc parés, pour attendre Celui que je n'ai pas encore nommé : le Saint-Esprit : Celui qui a marqué les Apôtres pour le restant de leurs jours et leur a inspiré la mission d'annoncer la nouvelle inouïe d'un Dieu attentif à chacun, à chacune.
Pour traverser les multiples épreuves de leur vie et de leur mort héroïque, il ne leur fallait pas moins que cette Force mystérieuse, cet Amour intime, discret, dynamisant, du Saint-Esprit.
Nous aussi, comme y invite l'auteur de la lettre aux Hébreux, attendons le Saint-Esprit avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi. Remettons nos esprits inquiets et soucieux dans ce merveilleux Esprit du Père. Attendons-Le humblement au nom du monde qui est le nôtre, laissons-Lui sa chance et continuons cette Eucharistie en bénissant Dieu. AMEN !
Cher Théophile, dans mon premier livre j'ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le moment où il commença, jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l'Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu'il avait choisis. C'est à eux qu'il s'est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu.
Au cours d'un repas qu'il prenait avec eux, il leur donna l'ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d'y attendre que s'accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l'avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l'eau, vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés d'ici peu de jours. » Ainsi réunis, les Apôtres l'interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. »
Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s'éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s'en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d'auprès de vous, viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel. »
- Parole du Seigneur.
Ac 1, 1-11
Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie ! Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable, le grand roi sur toute la terre.
Dieu s'élève parmi les ovations, le Seigneur, aux éclats du cor. Sonnez pour notre Dieu, sonnez, sonnez pour notre roi, sonnez !
Car Dieu est le roi de la terre : que vos musiques l'annoncent ! Il règne, Dieu, sur les païens, Dieu est assis sur son trône sacré.
Ps 46 (47), 2-3, 6-7, 8-9
Le Christ n'est pas entré dans un sanctuaire fait de main d'homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu. Il n'a pas à s'offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n'était pas le sien ; car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis la fondation du monde. Mais en fait, c'est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu'il s'est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice. Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d'être jugés, ainsi le Christ s'est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l'attendent.
Frères, c'est avec assurance que nous pouvons entrer dans le véritable sanctuaire grâce au sang de Jésus : nous avons là un chemin nouveau et vivant qu'il a inauguré en franchissant le rideau du Sanctuaire ; or, ce rideau est sa chair. Et nous avons le prêtre par excellence, celui qui est établi sur la maison de Dieu. Avançons-nous donc vers Dieu avec un c?ur sincère et dans la plénitude de la foi, le c?ur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure. Continuons sans fléchir d'affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis.
- Parole du Seigneur.
He 9, 24-28 ; 10, 19-23
En ce temps-là, Jésus ressuscité, apparaissant à ses disciples, leur dit : « Il est écrit que le Christ souffrirait, qu'il ressusciterait d'entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. à vous d'en être les témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus d'une puissance venue d'en haut. » Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu'il les bénissait, il se sépara d'eux et il était emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.
- Acclamons la Parole de Dieu.
Lc 24, 46-53