Homélie du 15 juin 2025

Il marchait le long des berges du Jourdain. Jean le Baptiste hésitait à le baptiser. Ce baptême avait ses racines juives et bibliques claires. Le prophète Isaïe avait proclamé : « Dégagez un chemin dans le désert pour le Seigneur. »

L'Heure du Baptême de Jésus était venue. Il descendit humblement dans l'eau. Deux Evangélistes, Matthieu et Luc, rapportent la manifestation céleste qui nous dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé » « Ces mêmes mots seront entendus durant la Transfiguration (Mt 17, 5). Jésus seul voit la colombe, signe de l'Esprit saint qui descend sur lui comme l'Esprit qui planait sur les eaux de la création (Gen 1, 1). A la fin de l'Evangile, au moment de son Ascension, Jésus disait à ses disciples : « Allez donc : de toutes les nations, faites des disciples les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ( Mt 28,19).

Cet épisode, commenté de différentes manières, ouvre la porte au mystère de la Trinité. C'est la présence de trois personnes divines, égales, de même nature, unies entre elles par les liens d'amour. Par notre baptême, cette révélation nous appelle à vivre également dans cette même communion d'amour même si celle-ci reste un mystère pour chacun de nous.

Dans l'Evangile de St Jean, nous retrouvons aussi cet amour de Jésus pour son Père par la prière et l'adoration : « Que tous soient un, dit Jésus ; comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi qu'eux aussi soient un en nous » (Jn 17,21) Par la prière et l'adoration, il existe un lien immédiat entre l'union des fidèles au cœur de l'Eglise qui nous relie à la àTrinité.

Ces dernières années, le Pape François nous a invités à nous réunir en « Synode ». Le Synode signifie en grec « marcher ensemble, vivre ensemble en chrétien. C'est déjà rejoindre le mystère de notre baptême dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit. C'EST LE PRINCIPE D'AMOUR qui nous relie les uns aux autres distinctement et sans fusion et nous permet de mieux comprendre qui est Dieu.

Le Christ est reconnu dans le prologue de St Jean comme le Verbe fait chair, la vraie lumière qui éclaire tout homme...Il est venu chez les siens et les siens ne l'ont pas reçu...Mais tous ceux qui l'ont reçu ; il leur a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1-1 à 14). Jésus est l'incarnation de Dieu au milieu de l'humanité.

Tout le IVe siècle de l'Eglise chrétienne est marqué par des réflexions sur la Trinité et spécialement lors du Concile de Nicée en 325 où il est proclamé que le Père et le Fils sont de même nature. En 381, les membres du Concile de Constantinople reconnaissent la divinité du Saint-Esprit. Nous fêterons en cette année le 1700ème anniversaire du Concile de Nicée. Le Pape Léon XIV et le Patriarche de Constantinople se rencontreront pour célébrer cet évènement.

La triple dimension de Dieu n'est pas de l'ordre de la raison, mais de l'ordre de la contemplation et de l'adoration dans la foi. Il n'y a pas de subordination entre les personnes, proclame St Basile, mais coordination et donc égalité de nature. En Dieu, il n'existe qu'une seule énergie, une seule action, une seule économie et cette seule énergie est puissance et amour.

Le Saint-Esprit, à travers son action dans le monde et dans les âmes, à partir de ce que l'Ecriture nous dit et de la pratique de l'Eglise, en particulier le baptême, est inséparable du Père et du Fils.

A la Samaritaine, près du puits de Jacob, Jésus déclare : « L'heure vient - et c'est maintenant- où les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en vérité. Dieu est Esprit, et ceux qui l'adorent c'est en Esprit et en vérité qu'ils doivent l'adorer. Ce culte en Esprit et en vérité est celui que chaque croyant habité par l'Esprit rend au Père. Une telle naissance d'un culte spirituel intériorisé s'appuie sur la révélation du mystère de Dieu trinitaire.

St Basile commente que foi et sacrement sont deux modes qu'on ne peut diviser. La foi reçoit son accomplissement du baptême et le baptême est fondé sur la foi. La plénitude des deux reposent sur le Père, le Fils et le Saint -Esprit. L'adoration dans l'Esprit est inséparable du Père et du Fils. On ne peut arriver à la contemplation du Père et du Fils sans passer par l'Esprit saint. Déjà au IIIe siècle, St Antoine ermite apprenait à ses disciples à prier l'Esprit saint.et St Paul de nous dire, à nous qui possédons les prémices de l'Esprit : « l'Esprit vient en aide à notre faiblesse car nous ne savons pas prier comme il faut ; mais l'Esprit lui-même intercède pour nous en gémissements inexprimables » Rom 8.22-27.

Je vous invite maintenant à nous signer au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et à toujours mieux prendre conscience de cette triple présence consubstantielle (transsubstantielle) qui nous habite en permanence, symbole immuable de notre foi