Une homélie de fr. Grégoire Maertens
C'est un dimanche pour « demander » : pour oser demander. ecoutons la parole de dieu : avec une folle audace, abraham ne craint pas de demander à dieu, jusqu'a six fois, d'épargner la ville de sodome. cinq fois, comme pour adoucir sa requête, il utilise le petit mot « peut-être ». inspirons-nous, frères et sœurs, de la haute idée que se fait abraham, notre père dans la foi, de la patience et de la miséricorde de ce dieu en qui il a cru.
Abraham serait-il un bénédictin avant la lettre ? en effet, st benoît, au chapitre iv de sa règle des moines, énumère les instruments des bonnes œuvres : il y en a 74, le dernier étant : « ne jamais désespérer de la miséricorde de dieu ». la plaidoirie insistante d'abraham n'aurait-elle pas inspiré saint benoît ?
Le psaume 37 lui aussi, nous a mis dans une situation de demande que dieu n'a pas refusé d'exaucer : « le jour où tu répondis à mon appel, tu fis grandir en mon âme la force...toi qui fais tout pour moi. » et combien d'autres psaumes ne sont-ils pas des demandes pressantes, des cris d'appel qui pourraient faire la une des journaux d'aujourd'hui : « vers mon dieu quand l'angoisse me prend, je crie, il me répond » (ps. 119)
Saint paul, quant à lui, enfonce le clou : bien que nous n'ayons rien demandé, dieu nous a donné la vie, avec le christ ; cette vie que jésus avait pour ainsi dire reçu en cadeau dans l'événement même de la résurrection. dans sa lettre aux ephésiens, il le dira en d'autres termes : « c'est par grâce que vous êtes sauvés, cela ne vient pas de vous, c'est le don de dieu » (eph.2, 8)
Enfin, voici l'evangile : au moyen d'images simples et percutantes jésus nous pousse dans nos retranchements : c'est évident que si un voyageur s'amène à minuit en demandant à loger, le fr. emmanuel, l'hôtelier, ne va pas l'envoyer promener, mais qu'il fera contre mauvaise fortune bon cœur pour lui trouver une chambre. de même, si une personne en difficulté vient sonner et demander de l'aide le fr. damien l'écoutera et le recevra le mieux possible même si c'est juste à l'heure de la messe ou du repas. Ici encore, st benoît entre dans les détails dans le chapitre concernant le portier du monastère : « dès que quelqu'un aura frappé ou qu'un pauvre aura appelé... le portier s'empressera de répondre dans la ferveur de la charité ».
Revenons maintenant à jésus lui-même : il nous connaît, le cœur de l'homme n'a pas de secret pour lui. mais, mieux que quiconque il connaît aussi son père : il est donc bien placé pour affirmer avec force que si nous sommes capables de faire notre « petit possible », dieu, le maître de l'impossible, est capable de faire au-delà, bien au-delà de tout ce que nous pouvons faire ou imaginer ». Il le dit dans une phrase lapidaire : « le père du ciel donnera l'esprit saint à ceux qui le lui demandent » : une pentecôte pour chacun, chaque jour ! Merveilleux respect de la part du créateur : il n'impose pas ses dons : il nous laisse libres de les demander. l'oraison de ce dimanche l'exprime bien :
« tu protèges, seigneur, ceux qui espèrent en toi, sans toi, rien n'est fort,
rien n'est saint : multiplie pour nous les signes de ta miséricorde... ».
En conclusion, il me semble que nous sommes invités à redécouvrir la confiance : oser demander, ne pas se faire une petite opinion de celui à qui nous adressons nos demandes : ce père à qui il ne viendrait pas l'idée de nous donner une pierre lorsque nous lui demandons du pain, à qui il ne viendrait pas l'idée de se contenter de nous faire un beau discours ou de nous dire une bonne parole sans passer à l'acte.
Mais non ! dieu n'a qu'une parole, mais quelle parole ! évidemment, cette bonne parole par excellence, c'est son fils qu'il nous donne et redonne en chaque eucharistie. amen !
En ces jours-là, les trois visiteurs d'Abraham allaient partir pour Sodome. Alors le Seigneur dit : « Comme elle est grande, la clameur au sujet de Sodome et de Gomorrhe ! Et leur faute, comme elle est lourde ! Je veux descendre pour voir si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu'à moi. Si c'est faux, je le reconnaîtrai. » Les hommes se dirigèrent vers Sodome, tandis qu'Abraham demeurait devant le Seigneur. Abraham s'approcha et dit : « Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les faire périr ? Ne pardonneras-tu pas à toute la ville à cause des cinquante justes qui s'y trouvent ? Loin de toi de faire une chose pareille ! Faire mourir le juste avec le coupable, traiter le juste de la même manière que le coupable, loin de toi d'agir ainsi ! Celui qui juge toute la terre n'agirait-il pas selon le droit ? » Le Seigneur déclara : « Si je trouve cinquante justes dans Sodome, à cause d'eux je pardonnerai à toute la ville. » Abraham répondit : « J'ose encore parler à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre. Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq : pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? » Il déclara : « Non, je ne la détruirai pas, si j'en trouve quarante-cinq. » Abraham insista : « Peut-être s'en trouvera-t-il seulement quarante ? » Le Seigneur déclara : « Pour quarante, je ne le ferai pas. » Abraham dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère, si j'ose parler encore. Peut-être s'en trouvera-t-il seulement trente ? » Il déclara : « Si j'en trouve trente, je ne le ferai pas. » Abraham dit alors : « J'ose encore parler à mon Seigneur. Peut-être s'en trouvera-t-il seulement vingt ? » Il déclara : « Pour vingt, je ne détruirai pas. » Il dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère : je ne parlerai plus qu'une fois. Peut-être s'en trouvera-t-il seulement dix ? » Et le Seigneur déclara : « Pour dix, je ne détruirai pas. »
- Parole du Seigneur.
Gn 18, 20-32
De tout mon c?ur, Seigneur, je te rends grâce : tu as entendu les paroles de ma bouche. Je te chante en présence des anges, vers ton temple sacré, je me prosterne.
Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité, car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole. Le jour où tu répondis à mon appel, tu fis grandir en mon âme la force.
Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble ; de loin, il reconnaît l'orgueilleux. Si je marche au milieu des angoisses, tu me fais vivre, ta main s'abat sur mes ennemis en colère.
Ta droite me rend vainqueur. Le Seigneur fait tout pour moi ! Seigneur, éternel est ton amour : n'arrête pas l'?uvre de tes mains.
Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 6-7ab, 7c-8
Frères, dans le baptême, vous avez été mis au tombeau avec le Christ et vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la force de Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts. Vous étiez des morts, parce que vous aviez commis des fautes et n'aviez pas reçu de circoncision dans votre chair. Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné toutes nos fautes. Il a effacé le billet de la dette qui nous accablait en raison des prescriptions légales pesant sur nous : il l'a annulé en le clouant à la croix.
- Parole du Seigneur.
Col 2, 12-14
Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l'a appris à ses disciples. » Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : ?Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation. » Jésus leur dit encore : « Imaginez que l'un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander : ?Mon ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n'ai rien à lui offrir.' Et si, de l'intérieur, l'autre lui répond : ?Ne viens pas m'importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose'. Eh bien ! je vous le dis : même s'il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu'il lui faut. Moi, je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira. Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? ou lui donnera un scorpion quand il demande un ?uf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »
- Acclamons la Parole de Dieu.
Lc 11, 1-13