Une homélie de fr. Pierre de Béthune
Un commentaire d'évangile de Marguerite ROMAN
Aujourd'hui, je vous annonce une très grande joie !! C'est le début de l'antienne de la veillée et du jour de Noël
En réalité, à chaque fois qu'on proclame l'évangile, on proclame une bonne nouvelle, une heureuse annonce, puisque c'est exactement le sens du mot « évangile »
Quelle est donc la bonne nouvelle du jour ?
« Ne crains pas, petit troupeau, parce que votre Père a trouvé bon (ευδοκησεν) de vous donner le royaume (βασιληιαν) »
On peut même dire que chaque mot de cette phrase contient une bonne nouvelle :
« Ne crains pas » : c'est toujours positif d'avoir qqn qui pense à vous, qui se met à votre place, qui vous rassure
Petit troupeau : pas de troupeau sans berger, qui prend soin de ses brebis, qui les connaît par son nom, qui les guide et les défendra le cas échéant, comme il est dit dans de nombreux textes de la Première et de la Nouvelle Alliance
parce que votre Père : ah, c'est bien de savoir qu'on a un Père ; certes, nous le savons dans notre cerveau mais le savons-nous assez dans notre cœur ?
et que fait-il ce Père : il nous a donné le royaume ; pas au conditionnel, si ceci ou si cela ; pas au futur... non, il nous a donné le royaume : c'est fait !!
Et voilà ! c'est cadeau !
C'est après que souvent les choses se gâtent car recevoir un cadeau, ce n'est pas si facile. C'est en quelque sorte 'passer une épreuve', mot dans lequel on entend 'preuve' : la manière dont nous recevons un cadeau quel qu'il soit sert de 'révélateur' de notre être.
Les lectures dominicales de ces dernières semaines creusent le sillon de la manière de recevoir tout cadeau venant de Dieu. Comment recevons-nous les dons de Dieu ?
Dimanche 20 juillet : Jésus s'invite chez Marthe et Marie - comment le recevoir ? dans le faire ou dans l'écoute ? dans l'agitation ou dans recueillement ? dans la foi ou dans les œuvres ? pour ce qui est de la foi et/ou des œuvres, les 2 sans doute, à condition de ne pas se comparer (rappelons-nous la parole du patriarche Athénagoras que nous a livrée le frère Yves), le ni se plaindre de l'autre qui ne fait pas comme moi
L'évangile de la semaine dernière (3 août) : nous donnait à voir un cas de réussite matérielle ... et l'attitude adéquate à adopter, à savoir, résister au désir de l'accumulation compulsive de biens, que Paul nomme « idolâtrie ». Non, ce qu'il convient de faire, ce n'est pas de thésauriser pour soi-même mais plutôt de s'enrichir en Dieu - et rappelons-nous que Jésus lui-même déclare qu'on ne peut pas servir 2 maîtres, Dieu et l'argent -
Quant à la lecture d'aujourd'hui, dans une triple parabole, Jésus insiste sur une disposition d'esprit indispensable pour accueillir et développer en nous le don que le Père nous fait du Royaume. Et cette disposition intérieure, c'est la vigilance (nous aurions pu chanter en ouverture « Heureux celui que le Maître en arrivant, trouvera debout, éveillé et vigilant.... »). Il est question de ne pas s'endormir en attendant que ça vienne tout seul mais d'être prêt pour l'avènement du Royaume. C'est un peu, chez Luc, l'équivalent de la parabole des 10 jeunes filles - 5 avisées et 5 imprévoyantes - qu'on lit chez Mt (25,1-13) et où figurent les mêmes mots de « noces, lampes, attendre, frapper à la porte ».
La bonne nouvelle du don que notre Père nous fait du Royaume se poursuit d'ailleurs en une autre bonne nouvelle, pour qui adopte cette attitude proactive, puisque, à trois reprises, le serviteur fidèle, éveillé, vigilant, avisé est proclamé « Heureux !! » : « Heureux est-il ou sont-ils car leur maître les installera et les servira lui-même (v. 37-38) et, dans la dernière petite parabole : « le Seigneur l'établira sur sa domesticité et même sur tous ses biens » (v. 42-43).
Et donc, outre le fait de recevoir le Royaume en cadeau, c'est une béatitude supplémentaire qui nous est promise de la part de Dieu ....
Par ailleurs, écoutons comment la lettre aux Hébreux envisage la réception d'un don de Dieu : la foi est une façon de posséder ce que l'on espère, un moyen de connaître des réalités qu'on ne voit pas.
On en revient souvent, quasi toujours, au binôme foi/œuvres, qu'on ne doit pas forcément transformer en dilemme. Car les deux attitudes sont nécessaires et chacune est fondamentale et on peut les enrichir l'une par l'autre sans les rendre exclusives.
Les œuvres sont nécessaires mais peuvent nus mener à l'auto-satisfaction, voire à l'orgueil
La foi est fondamentale mais prenons garde de nous y endormir gentiment et qu'elle devienne lettre morte.
« Là où est ton trésor, là sera ton cœur » nous dit Jésus. Dans cet ordre d'idées, entendons que « L'argent, la célébrité, la gloire, tout ce après quoi courent les hommes, laissent dans la bouche un goût de cendre. » « et donc, ne perdez pas de temps dans des broutilles, recherchez plutôt les réalités essentielles, ce qui est sûr et qui demeure à jamais. ». Ces phrases pourraient avoir été écrites par Paul ; je les lis aujourd'hui dans Le jardin anglais de Charles Wright, dont vous avez peut-être lu Les chemins d'estive, preuve que les paroles bibliques sont valables chaque jour à chaque époque.
À nous de désirer le Royaume dans notre vie et dans notre cœur et d'en faire notre trésor.
La nuit de la délivrance pascale avait été connue d'avance par nos Pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, ils étaient dans la joie. Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes et la ruine de leurs ennemis. En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais à la gloire. Dans le secret de leurs maisons, les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice, et ils consacrèrent d'un commun accord cette loi divine : que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ; et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères.
- Parole du Seigneur.
Sg 18, 6-9
Frères, la foi est une façon de posséder ce que l'on espère, un moyen de connaître des réalités qu'on ne voit pas. Et quand l'Écriture rend témoignage aux anciens, c'est à cause de leur foi.
Grâce à la foi, Abraham obéit à l'appel de Dieu : il partit vers un pays qu'il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait. Grâce à la foi, il vint séjourner en immigré dans la Terre promise, comme en terre étrangère ; il vivait sous la tente, ainsi qu'Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse, car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l'architecte.
Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d'être à l'origine d'une descendance parce qu'elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses. C'est pourquoi, d'un seul homme, déjà marqué par la mort, a pu naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, une multitude innombrable.
- Parole du Seigneur.
He 11, 1-2.8-12
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c'est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S'il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu'il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n'aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra. »
- Acclamons la Parole de Dieu.
Lc 12, 35-40