Homélie du 24 août 2025

 On viendra de l'orient et de l'occident prendre place au festin dans le royaume de Dieu 

21ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine I du Psautier) - Année C

Une homélie de fr. Pierre de Béthune

Homélie :
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La liturgie nous propose aujourd'hui un évangile complexe. Les paragraphes qui se succèdent ne semblent pas être liés ensemble. D'ailleurs dans l'évangile selon saint Mathieu, ces mêmes sentences sont dispersées différemment. Que pouvons-nous en retenir pour notre vie concrète ?

Partons de la première phrase : «  Jésus faisait route vers Jérusalem.  » Il est en mouvement et il entraine ses disciples à sa suite. Certains commencent donc à se demander si ça vaut vraiment la peine de continuer à le suivre, parce que, maintenant qu'ils ont quitté leur Galilée, cela commence à être risqué. Mais ils espèrent être parmi ceux qui seront 'sauvés'. Or, à leur question : «  N'y a-t-il que peu de gens à être sauvés ?  » Jésus ne répond pas.

Il n'est pas venu pour répondre à des questions de théologie ou de politique, mais pour nous remettre en mouvement. Il s'agit d'aller, de marcher, de traverser. Et pour cela, oui, il a beaucoup à nous dire. Il est souvent question, dans les évangiles, de marcher, de passer, de dépasser, pour déboucher sur un nouvel horizon. Il en sera encore question à a fin de l'évangile d'aujourd'hui.

Mais le plus important est le premier pas : sortir de notre enfermement. Il faut partir à temps, dès que possible, au risque de se trouver bloqué, devant une porte déjà fermée. Et puis, il faut encore passer une porte étroite. En réalité, - vous le savez bien, - ce n'est pas tant la porte qui est trop étroite, c'est nous qui sommes trop larges. Car, pour aller avec Jésus, il nous faut commencer par abandonner nos bagages encombrants, tout ce que nous pensons être si important, notre histoire, nos compétences, nos mérites, nos péchés, nos assurances... Nous ne pouvons entrer que les mains nues, et, je dirais même, tout nus, comme nous sommes entrés dans ce monde. Parce que le Royaume de Dieu est un autre monde où nous voulons entrer, mais nous ne pouvons y entrer que tout nus, après avoir tout abandonné, dans une confiance éperdue, parce que, dans ce Royaume où Dieu règne, il pourvoit à tout ce dont nous avons besoin, - non pas comme une providence qui nous dispenserait de travailler, mais il nous donne, au jour le jour, tout ce dont nous avons besoin pour vivre ensemble dans l'amour et la paix.

Plus loin dans l'évangile d'aujourd'hui, il y a des paroles dures, adressées à ceux qui ne sont pas entrés dans ce mouvement, ou à ceux qui croient qu'ils ont des droits pour entrer. On est de nouveau à la case départ : comment entrer ?

Comment entendre cela ?

Jésus est agacé par ces gens qui espèrent pouvoir profiter de leur familiarité avec lui pour se dispenser de faire plus. S'ils le suivre jusqu'à Jérusalem, c'est pour participer à son succès assuré, mais lui voit bien que cela se passera bien différemment. Il leur dit : «  Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dont je vais être baptisé ?  » Il pressent qu'en annonçant là la volonté de son Père, et notamment que le temple, la religion, doit être «  la maison de prière pour toutes les nations  », il sera contesté, persécuté et finalement éliminé. Mais nous savons que c'est ainsi, en traversant toutes ces contradictions, qu'il a effectué sa 'pâque' et qu'il a révélé la volonté de son Père de rassembler tous les peuples dans le respect et la louange, comme le prophète Isaïe l'avait annoncé. Nous avons entendu dans la première lecture comment il nous ouvrait ces larges horizons.

Mes frères, mes sœurs, pour nous aussi, suivre Jésus, c'est partager son sort, chacun à sa façon. En tout cas, la marche à laquelle il nous invite est aussi toujours un passage, une traversée. Il ne faudrait pas avoir peur de cette démarche à laquelle nous sommes constamment appelés. Les images sont parfois excessives, troublantes : il faut tout abandonner pour passer par le trou d'une aiguille ! Il faut accepter de mourir pour recevoir une nouvelle vie. «  Qui veut garder sa vie, la perdra, et qui perd sa vie la trouvera !  » Et on se demande : est-ce que cela nous concerne ?

Oui, vraiment, mes frères, mes sœurs, parce que nous pouvons vivre cela très simplement, très quotidiennement, sans grandiloquence, dans notre vie ordinaire. À travers cet évangile complexe, confus, contrasté, nous avons pu discerner le cœur de l'enseignement de Jésus. Il s'agit seulement d'avancer, de ne pas nous installer, mais de passer, encore et encore, dans la confiance, même par des portes étroites, de sombres vallées, - mais nous savons que, dès ici-bas, c'est pour déboucher sur les horizons les plus vastes.

 

De toutes les nations, ils ramèneront tous vos frères

Ainsi parle le Seigneur : connaissant leurs actions et leurs pensées, moi, je viens rassembler toutes les nations, de toute langue. Elles viendront et verront ma gloire : je mettrai chez elles un signe ! Et, du milieu d'elles, j'enverrai des rescapés vers les nations les plus éloignées, vers les îles lointaines qui n'ont rien entendu de ma renommée, qui n'ont pas vu ma gloire ; ma gloire, ces rescapés l'annonceront parmi les nations. Et, de toutes les nations, ils ramèneront tous vos frères, en offrande au Seigneur, sur des chevaux et des chariots, en litière, à dos de mulets et de dromadaires, jusqu'à ma montagne sainte, à Jérusalem, - dit le Seigneur. On les portera comme l'offrande qu'apportent les fils d'Israël, dans des vases purs, à la maison du Seigneur. Je prendrai même des prêtres et des lévites parmi eux, - dit le Seigneur.

- Parole du Seigneur.

Is 66, 18-21

Louez le Seigneur, tous les peuples ; fêtez-le, tous les pays !

Son amour envers nous s'est montré le plus fort ; éternelle est la fidélité du Seigneur !

Ps 116 (117), 1, 2

Quand Dieu aime quelqu'un, il lui donne de bonnes leçons

Frères, vous avez oublié cette parole de réconfort, qui vous est adressée comme à des fils : Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur, ne te décourage pas quand il te fait des reproches. Quand le Seigneur aime quelqu'un, il lui donne de bonnes leçons ; il corrige tous ceux qu'il accueille comme ses fils. Ce que vous endurez est une leçon. Dieu se comporte envers vous comme envers des fils ; et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ? Quand on vient de recevoir une leçon, on n'éprouve pas de la joie mais plutôt de la tristesse. Mais plus tard, quand on s'est repris grâce à la leçon, celle-ci produit un fruit de paix et de justice. C'est pourquoi, redressez les mains inertes et les genoux qui fléchissent, et rendez droits pour vos pieds les sentiers tortueux. Ainsi, celui qui boite ne se fera pas d'entorse ; bien plus, il sera guéri.

- Parole du Seigneur.

He 12, 5-7.11-13

On viendra de l'orient et de l'occident prendre place au festin dans le royaume de Dieu

En ce temps-là, tandis qu'il faisait route vers Jérusalem, Jésus traversait villes et villages en enseignant. Quelqu'un lui demanda : « Seigneur, n'y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Jésus leur dit : « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n'y parviendront pas. Lorsque le maître de maison se sera levé pour fermer la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : ?Seigneur, ouvre-nous', il vous répondra : ?Je ne sais pas d'où vous êtes.' Alors vous vous mettrez à dire : ?Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.' Il vous répondra : ?Je ne sais pas d'où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l'injustice.' Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l'orient et de l'occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 13, 22-30