Homélie du 21 septembre 2025

 Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'argent 

25ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine I du Psautier) - Année C

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
avancez jusqu'à  26' 50' 00"

Nous sommes mis d'emblée face à l'essentiel : Jésus n'y va pas par quatre chemins :


«  Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l'argent : ajoutons : tout ce que représente l'argent.
C'est un pavé que Jésus lance dans la mare.


Il ne faut même pas ouvrir la Bible pour constater combien de personnes, à l'heure actuelle,
mettent en question la manière dont la société fonctionne -souvent au mépris de l'homme (ou de l'humain)-
à la poursuite de la réussite matérielle et de la productivité, de la rentabilité, bref, de la réussite.
Avant même de faire référence à l'Evangile, ces personnes veulent faire passer un message qu'on peut résumer ainsi : vous ne pouvez servir à la fois l'être humain et l'argent.


Nous venons d'entendre le sombre bilan que dressait il y a 2700 ans le prophète Amos : 
«  Vous écrasez le malheureux ; vous dites : nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix,
fausser les balances (Am. 8, 4-5). Il y a à peine quelques jours je lisais la même chose dans le journal.
On sert l'argent, on oublie l'homme.


On pousse des Oh ! et des Ah ! Scandalisés face aux massacres au Proche Orient et on n'hésite pas à attirer les foules 
pour des réjouissances intitulées «  un nouveau souffle de terreur  » ! On semble être si loin de l'invitation de Paul : «  Je voudrais qu'en tout lieu les hommes prient en élevant les mains, saintement et sans disputes (1Tm 2,3)


Venons-en à l'Evangile dont certains diront peut-être : comment s'en sortir avec cette histoire de gérant malhonnête qui, loin d'être approuvé, récolte tout de même un compliment pour son habileté ?


Par cette parabole insolite, Jésus invite ses auditeurs à agir avec bon sens, avec intelligence mais encore, à se rendre compte qu'il y a une priorité absolue : rien de moins que d'aimer Dieu.


Par rapport à cette exigence, notre Credo peut paraître assez sec : «  Je crois...  ». Nous ne disons pas, à l'Eucharistie : 
«  J'aime un seul Dieu, le Père tout-puissant.......  » Et cependant, la Bible, les psaumes en particulier, sont plus cordiaux et lyriques : «  J'aime le Seigneur, Il entend le cri de ma prière  » et «   Je t'aime, Seigneur, ma force et mon salut...  ». «  Tu es mon amour, Seigneur, Tu es ma joie  » et encore «  Ton amour me fait danser de joie  ».


«  Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent...  » : Servir Dieu, ce n'est pas se servir de Lui mais reconnaître du fond du cœur
que tout est cadeau de sa part. Aimer Dieu ! Pour passer de la foi à l'amour, il y a une sorte de retournement à opérer.


Une Carmélite anglaise, Ruth Burrows, décédée en 2023 à l'âge de 100 ans, pourra nous y aider. En effet, nous pourrions peut-être nous décourager à la pensée qu'après des années de vie chrétienne, ce choix d'aimer Dieu par-dessus tout paraît utopique. Elle suggère de renverser la perspective : il s'agit fondamentalement de nous laisser aimer. 
 Voici comment elle l'exprime dans un de ses nombreux livres.


«  La raison la plus profonde pour laquelle si peu d'entre nous sont saints est que nous ne voulons pas laisser Dieu nous aimer. Etre aimé implique de s'abandonner, nu et sans défense, à tout ce que Dieu est. Cela signifie accepter avec joie 
notre néant, le regard fixé uniquement sur ce Dieu qui donne sans prendre en compte le rien de celui à qui il donne. 
La plupart des âmes ferventes sont disposées à livrer à Dieu la moindre réalité mortelle, à se tuer à l'ouvrage, à offrir tout excepté la seule chose qu'il veut : la confiance totale ; tout, sauf l'abandon entre ses mains aimantes  ».


Alors que nous pensions peut-être devoir nous engager dans une voie difficile réservée à quelque spécialistes de l'ascèse et de la piété, voici une invitation adressée à tous et peut-être à rebours de ce qu'on imaginait : l'abandon entre les mains aimantes de Dieu. Il s'agit d'une démarche libératrice.


Sans pouvoir l'expliquer clairement, je sens qu'il y a un lien très fort entre les propos de cette Carmélite et le message de la parabole ainsi que l'invitation à ne pas balancer entre l'amour de Dieu et de l'argent. J'ajouterais qu'avant le renoncement nécessaire il y a, prioritairement, la prise de conscience, la certitude d'un amour inconditionnel, ou, si vous voulez, en termes plus classiques, une grâce, un don gratuit que Jésus a mainte fois rappelé à ses Apôtres : «  Le Père lui-même vous aime  ». Il il nous le redit à chacune et chacun aujourd'hui : Dieu nous demande d'être assez habiles, assez intelligents pou dire : «  Je crois en Toi, Dieu aimant : je te connais par l'intelligence du cœur : je t'aime parce que tu nous a aimés le premier. (1 Jean 4, 7)

AMEN !

 

Contre ceux qui achètent le faible pour un peu d'argent

Écoutez ceci, vous qui écrasez le malheureux pour anéantir les humbles du pays, car vous dites : « Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée, pour que nous puissions vendre notre blé ? Quand donc le sabbat sera-t-il fini, pour que nous puissions écouler notre froment ? Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix et fausser les balances. Nous pourrons acheter le faible pour un peu d'argent, le malheureux pour une paire de sandales. Nous vendrons jusqu'aux déchets du froment ! » Le Seigneur le jure par la Fierté de Jacob : Non, jamais je n'oublierai aucun de leurs méfaits.

- Parole du Seigneur.

Am 8, 4-7

Louez, serviteurs du Seigneur, louez le nom du Seigneur ! Béni soit le nom du Seigneur, maintenant et pour les siècles des siècles !

Qui est semblable au Seigneur notre Dieu ? Lui, il siège là-haut. Mais il abaisse son regard vers le ciel et vers la terre.

De la poussière il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu'il siège parmi les princes, parmi les princes de son peuple.

Ps 112 (113), 1-2, 5-6, 7-8

J'encourage à faire des prières pour tous les hommes à Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés

Bien-aimé, j'encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d'État et tous ceux qui exercent l'autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur, car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. En effet, il n'y a qu'un seul Dieu, il n'y a aussi qu'un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous. Aux temps fixés, il a rendu ce témoignage, pour lequel j'ai reçu la charge de messager et d'apôtre - je dis vrai, je ne mens pas - moi qui enseigne aux nations la foi et la vérité. Je voudrais donc qu'en tout lieu les hommes prient en élevant les mains, saintement, sans colère ni dispute.

- Parole du Seigneur.

1 Tm 2, 1-8

Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'argent

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n'avez pas été dignes de confiance pour l'argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n'avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l'un et aimera l'autre, ou bien il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'argent. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 16, 10-13