Homélie du 5 mai 2024

Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime

6ème Dimanche de Pâques (semaine II du Psautier) - Année B

Une homélie de fr. Benoît Standaert

Homélie :
avancez jusqu'à  00' 00"

Bienvenue, chers frères et sœurs, chers amis. Nous voici arrivés au 6e dimanche de Pâques. Jeudi, le 40e jour, nous fêterons déjà l'Ascension et dans quinze jours, le 50e jour, ce sera la Pentecôte !

On avance à grands pas. Le mois de mai frémit de vitalité fraîche, le chant des oiseaux est plusieurs fois par jour déchaîné !

Rappelons toutefois que les Juifs viennent de fêter leur fête de Pâque, et qu'aujourd'hui même pour toute l'orthodoxie, c'est la fête même de Pâques. Or ils sont 250.000 à fêter Pâques aujourd'hui dans notre pays. C'est la cas aussi pour les Roumains et les Albanais dans nos murs : ils ont le cœur en fête ! Soyons en communion avec eux et pensons aux Ukrainiens et aux Russes, unis envers et contre tout, dans une même foi baptismale qui célèbre en ce jour le Christ ressuscité.

Dans notre liturgie de ce jour, on avance dans le Livre des Actes : on va de pentecôte à pentecôte (Jérusalem, Césarée, Ephèse, Corinthe, avec leurs glossolales...). Laissons-nous former par la Parole et par l'Esprit, ces «  deux mains de Dieu  », selon le mot de saint Irénée, avec lesquelles Dieu façonne et refaçonne notre glaise. Soyons humides. Chantons le Kyrie de notre humble pauvreté.

Homélie

La Parole de Dieu commence par la petite pentecôte à Césarée, chez le pieux centurion païen. Chez Dieu «  il n'y a pas d'acception des personnes  ». L'Esprit nous le prouve : il tombe sur eux comme sur nous, voilà ce que doit constater Pierre et les compagnons juifs, venus avec lui. Ils resteront plusieurs jours chez Corneille et donc mangeront ce qu'on leur servira, sans se soucier des règles de la kashrout juive ! Quel choc ! Notons encore qu'ils sont baptisés par l'Esprit encore avant de recevoir le baptême d'eau ! L'un ne va pas sans l'autre, pour Luc, mais il arrive que l'un peut anticiper l'autre !

Comment ne pas jubiler ! «  Chantez un chant nouveau  », dit le psalmiste, oui, Terre entière chante ta joie au Seigneur, alléluia, alléluia !

La lecture suivie de la première lettre de saint Jean nous conduit aujourd'hui au sommet : par deux fois on entend, cette déclaration simple et forte : Dieu est amour.

«  Qui demeure dans l'amour, demeure en Dieu  ».

Dieu est proximité, amitié. Dieu est patience, longanimité, pardon, miséricorde.

Dieu est amour. Jésus nous l'a rappelé, selon la plus haute tradition dans la Torah de Moïse (Ex 34,6-7). Là Dieu se prononce aux oreilles de Moïse : Adonaï, Adonaï : fidélité, patience, pardon, miséricorde à l'infini !

«  Le Fils unique nous l'a fait connaître : il s'est offert pour le pardon de nos péchés  ».

Ce sont là des formules simples et fortes. L'évangile johannique du jour reprend cette même thématique, avec des expressions simples mais appuyées.

Aimés que nous, aimons à notre tour ! «  Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés  ». «  Demeurez dans mon amour, demeurez en Dieu qui est amour  » ! Ce sera joie dans votre cœur, et cette joie, personne ne pourra vous la ravir !

Aussi, soyez en confiance, demandez et vous recevrez !

Transparence, réciprocité, liberté, confiance infinie.

Simple et vrai. Entre Dieu et chacun de nous, et entre nous tous, ici autour de la table du pain rompu et de la coupe partagée.

Un jour à Philippes en Macédoine, un tableau unique. Un cours d'eau - le même que celui que Paul a connu, un vendredi soir où les Juifs du lieu se réunissaient pour prier.

Trois marches pour descendre dans l'eau, et trois marches pour en ressortir. Sur l'autre rive juste une table ronde. La rivière et la table, les deux symboles de notre identité - l'eau du baptême et la table de la communion fraternelle - sur le nouveau continent, l'Europe, où arrive la Bonne Nouvelle du mouvement chrétien.

Comme il importe aujourd'hui de retrouver les rudiments de la première Eglise. Eglise pascale. Eglise autour de l'Agneau, de cette victime qui sauve.

Il s'agit du point le plus fort et le plus doux de l'histoire. Ecce Agnus Dei. Jan van Eyck.

Reconnaissons la vision. Oui, vivons avec une vision qui est un paradoxe: un très fragile et innocent est le levier de l'histoire entière. «  Suivre l'Agneau partout où il va ! Marchons de fait à sa suite, et ne tremblons pas quand le paradoxe nous prend à la gorge.

Pierre et les Juifs arrivés dans la maison du païen Corneille, sont restés plusieurs jours dans sa maison, sans honte ni peur. Ils étaient chez un frère en Christ, sauvé par l'Esprit et l'eau, grâce à l'accueil de la foi.

Recueillons-nous un moment autour de la grande simplicité de ce message des débuts, puis prononçons ensemble notre foi commune, ancrée dans toute la tradition qui remonte aux apôtres. Amen.

 

Même sur les nations païennes, le don de l'Esprit Saint avait été répandu

Comme Pierre arrivait à Césarée chez Corneille, centurion de l'armée romaine, celui-ci vint à sa rencontre, et, tombant à ses pieds, il se prosterna. Mais Pierre le releva en disant : « Lève-toi. Je ne suis qu'un homme, moi aussi. » Alors Pierre prit la parole et dit : « En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les ?uvres sont justes. » Pierre parlait encore quand l'Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole. Les croyants qui accompagnaient Pierre, et qui étaient juifs d'origine, furent stupéfaits de voir que, même sur les nations, le don de l'Esprit Saint avait été répandu. En effet, on les entendait parler en langues et chanter la grandeur de Dieu. Pierre dit alors : « Quelqu'un peut-il refuser l'eau du baptême à ces gens qui ont reçu l'Esprit Saint tout comme nous ? » Et il donna l'ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ. Alors ils lui demandèrent de rester quelques jours avec eux.

- Parole du Seigneur.

Ac 10, 25-26.34-35.44-48

Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s'est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ; il s'est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d'Israël.

La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez !

Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4

Dieu est amour

Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l'amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour. Voici comment l'amour de Dieu s'est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici en quoi consiste l'amour : ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, c'est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés.

- Parole du Seigneur.

1 Jn 4, 7-10

Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j'ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Voici ce que je vous commande : c'est de vous aimer les uns les autres. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Jn 15, 9-17