Homélie du 16 juin 2024

C'est la plus petite de toutes les semences, mais quand elle grandit, elle dépasse toutes les plantes potagères

11ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine III du Psautier) - Année B

Une homélie de fr. Benoît Standaert

Homélie :
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Bienvenue à vous tous, chères sœurs, chers frères, en ce onzième dimanche de l'année. Paul, dans la seconde lecture du jour, nous assure qu'il garde confiance, qu'il a bon moral, qu'il se donne du courage, au milieu de tout ce qu'il vit, des contradictions et des épreuves de tout genre qui l'affectent. Il le répète à deux reprises dans ce court texte, en s'appuyant purement sur la foi. «  Nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision  ». Cela peut nous faire du bien, quel que soit notre âge, notre contexte de vie, nos épreuves à nous. Commençons cette liturgie en invoquant celui que Paul n'oublie jamais, le Seigneur Jésus auquel il veut plaire en tout. Avec foi, sanctifions son Nom au milieu de nous. Nous venons de chanter : Dieu est à l'œuvre en cet âge. Laissons-le agir. Kyrie eleison.

Homélie

Chers amis, Jésus parle en images, comme fait aussi Ezéchiel, dans la première lecture. Elles sont tirées de la nature. Jésus regarde, et lit, et apprend puis s'émerveille. Bon exercice : bien regarder sans préjugés, en n'ayant rien dans la tête. On peut se promener dans le bois et ne voir rien du tout car la tête est pleine, tous les soucis se bousculent en même temps dans notre intériorité. Heureux qui marche avec rien dans la tête, il ou elle verra de tout, avec émerveillement. Jésus a manifestement pris le temps de regarder, et que n'a-t-il pas tout vu ? Il apprend des gosses qui jouent sur le marché et se chamaillent quelque peu, de la femme qui pétrit trois mesures pleines de froment et y mêle du levain, il observe les oiseaux qui d'une part picorent le grain semé par le paysan mais ensuite construisent leur nid dans les branches des plantes qui, malgré tout, ont grandi de ce qui a été semé auparavant !

Le chapitre 4 de Marc rassemble cinq paraboles avec un double message ! Les deux paraboles du centre se jouent dans la maison : il y est question de la lampe qu'on allume et qu'on introduit dans la chambre où elle éclaire tout ; et de la mesure dont on se sert pour mesurer les céréales... Les trois autres parables se jouent à l'extérieur où l'on sème et on plante. Le double message est que d'une part nous sommes responsables de notre écoute, de notre réceptivité. Et que d'autre part tout nous arrive gratuitement. Le premier message domine dans l'image du semeur qui sème sa semence mais rencontre des terres peu favorables à un bon accueil : l'oiseau picore ce qui est tombé sur le chemin, le soleil brûle ce qui n'a pas de profondeur, pas de racines, les herbes sauvages poussent vite et étouffent le bon grain. Seule la bonne terre donne un fruit en conséquence et même surabondant ! Jésus trahit sa confiance : 30, 60, 100 pour un ! Du jamais vu en Galilée ! La parabole de la mesure insiste également sur notre part de responsabilité dans la vie : de la mesure dont vous mesurez on vous mesurera ! Chez saint Paul on entend un proverbe de la sagesse populaire de même aloi : «  Qui sème chichement, moissonnera chichement !

L'autre message souligne le côté gratuit, merveilleux car inespéré de l'action. On voit le paysan dormir : la terre, elle, travaille, même de nuit, et lui, «  il ne sait pas comment  » - «  d'elle-même - automatè ! - la terre porte du fruit  », selon un processus régulier, d'abord l'herbe, puis l'épi et enfin le blé plein l'épi ! Il en est de même de la graine de moutarde. Comme elle est minuscule, oui, «  la plus petite de toutes les semences  », note Jésus ! Et néanmoins, elle devient une plante qui s'élève «  plus haute toutes les autres plantes potagères  ». Même «  les oiseaux du ciel viennent y faire leur nid à son ombre  » ! Et que dire de la lampe : on la fait entrer dans la chambre, non pas pour la mettre sous le boisseau mais on la place au beau milieu sur un pied élevé pour qu'elle illumine tout et tous dans la pièce. Elle rayonne avec évidence.

Qu'est-ce à dire ? Tout est don, grâce, gratuité. L'homme constate avec émerveillement ce qui se passe. Il se laisse gagner par la force qui vient d'ailleurs. Et ainsi est la Règne, la marche de Dieu qui vient à notre rencontre. Cette marche a besoin de notre acquiescement et qui est dévoré par les soucis, ne remarquera rien et vivra une vie ultimement stérile, sans fruit.

Un paradoxe traverse tout le chapitre : il faut faire effort ! mais sans la grâce rien n'aboutit. La sagesse consiste à découvrir dans la vie même les deux dimensions : ce qui relève de notre engagement et ce qui ne se fait que grâce à l'agir secret de Dieu en nous.

Être actif, productif, franchement accueillant

Être passif, surpris, émerveillé, plein de gratitude.

L'un et l'autre. Un homme averti en vaut deux !

Un peu de sagesse. Ouvrir le troisième œil. Sortir des logiques banales. La grande vie requiert une franche collaboration tandis que sans la grâce rien n'aboutit vraiment.

«  Faire effort sans effort  », disait un sage. «  Tendre l'arc sans tendre les muscles  », était le message d'un maître zen. Produire la force c'est une chose, l'accueillir d'ailleurs, c'est encore autre chose. Jésus est préoccupé : que vienne le Règne. Beaucoup l'écoutent mais qui l'entend ? L'image donne à réfléchir, à méditer, à mâcher et à ruminer encore et encore. Arrivera-t-elle à nous rejoindre là où nous vivons, engagés ou non, appliqués mais sans souci ? («  pas de souci  »).

L'enjeu est de taille, aux yeux de Jésus : le Règne, là où Dieu règne. Une vie avec Dieu, selon Dieu, en Dieu et pour Dieu. Pour qui a le regard pur, tout est grâce : l'oiseau qui picore le grain semé, vient établir son nid dans les branches de ce qui a grandi selon le projet de Dieu. L'arbre permet à l'oiseau de transmettre la vie.

Misons sur une vie capable d'émerveillement, une vie qui baigne dans l'action de grâces.

Avec foi, accomplissons l'eucharistie ! Professons notre foi confiante, rendons grâce et intercédons largement. Avec effort et sans effort. Amen.

 

Je relève l'arbre renversé

Ainsi parle le Seigneur Dieu : « À la cime du grand cèdre, je prendrai une tige ; au sommet de sa ramure, j'en cueillerai une toute jeune, et je la planterai moi-même sur une montagne très élevée. Sur la haute montagne d'Israël je la planterai. Elle portera des rameaux, et produira du fruit, elle deviendra un cèdre magnifique. En dessous d'elle habiteront tous les passereaux et toutes sortes d'oiseaux, à l'ombre de ses branches ils habiteront. Alors tous les arbres des champs sauront que Je suis le Seigneur : je renverse l'arbre élevé et relève l'arbre renversé, je fais sécher l'arbre vert et reverdir l'arbre sec. Je suis le Seigneur, j'ai parlé, et je le ferai. »

- Parole du Seigneur.

Ez 17, 22-24

Qu'il est bon de rendre grâce au Seigneur, de chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut, d'annoncer dès le matin ton amour, ta fidélité, au long des nuits.

Le juste grandira comme un palmier, il poussera comme un cèdre du Liban ; planté dans les parvis du Seigneur, il grandira dans la maison de notre Dieu.

Vieillissant, il fructifie encore, il garde sa sève et sa verdeur pour annoncer : « Le Seigneur est droit ! Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! »

91 (92), 2-3, 13-14, 15-16

Que nous demeurions dans ce corps ou en dehors, notre ambition, c'est de plaire au Seigneur

Frères, nous gardons toujours confiance, tout en sachant que nous demeurons loin du Seigneur, tant que nous demeurons dans ce corps ; en effet, nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision. Oui, nous avons confiance, et nous voudrions plutôt quitter la demeure de ce corps pour demeurer près du Seigneur. Mais de toute manière, que nous demeurions dans ce corps ou en dehors, notre ambition, c'est de plaire au Seigneur. Car il nous faudra tous apparaître à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun soit rétribué selon ce qu'il a fait, soit en bien soit en mal, pendant qu'il était dans son corps.

- Parole du Seigneur.

2 Co 5, 6-10

L'homme qui jette en terre la semence, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence grandit, il ne sait comment

En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Il en est du règne de Dieu comme d'un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D'elle-même, la terre produit d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin du blé plein l'épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. »

Il disait encore : « À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences. Mais quand on l'a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »

Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l'entendre. Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mc 4, 26-34